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Acheter des options de vente ou vendre des options d’achat pour se protéger ? (Troisième et dernière partie)

Martin Noël
3 mai, 2017
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Acheter des options de vente ou vendre des options d’achat pour se protéger ? (Troisième et dernière partie)

Dans les deux articles précédents, nous avons comparé l’achat des options de vente à des fins de protection, à la vente des options d’achat couvertes. Dans le premier article, nous avons utilisé des options à échéances mensuelles alors que dans le deuxième, nous avons utilisé des options échéant après la fin de la période d’analyse du 17 avril 2015 au 22 janvier 2016. Dans les deux cas, nous avons conclu qu’il était préférable d’utiliser des options d’achat pour se protéger contre une baisse anticipée sur une période donnée. Mais cela veut-il vraiment dire que nous ne devrions jamais acheter d’options de vente ? Dans cet article, nous allons analyser comment utiliser les options de vente de manière efficace, mais cette fois-ci, pour tirer avantage de la baisse anticipée au lieu de se protéger.

Mise en contexte

Nous sommes le 17 avril 2015 et nous croyons que XIU, qui se négocie à 22,55 $, est sur le point d’entrer dans une phase baissière et qu’il pourrait baisser de 18,7 % pour atteindre 18,34 $ le 22 janvier 2016. Nous supposerons que nous détenons 6 765 $ en espèces dans notre compte de transactions. Dans un tel contexte, nous voulons comparer à nouveau quelle stratégie, entre l’achat des options de vente et la vente d’options d’achat, non couvertes cette fois-ci, nous permet d’obtenir le meilleur rendement à la suite de cette baisse anticipée. Nous choisirons l’option de vente, parmi toutes celles disponibles, qui permet d’obtenir le meilleur rendement en fonction du prix cible de 18,34 $, que nous comparerons à la vente d’options d’achat non couvertes. Nous choisirons ces options parmi celles ayant une échéance immédiatement postérieure au 22 janvier 2016, soit l’échéance du 18 mars 2016.

Prix au 17 avril 2015 Prix cible au 22 janvier 2016
XIU 22,55 $ 18,34 $
Capital disponible 6 765 $

 

Options ayant une échéance postérieure au 22 janvier 2016 disponibles au 17 avril 2015

(Prix moyen entre les cours acheteur et vendeur)

Options d’achat Options de vente
XIU 160318 C 15 @ 7,55 $ XIU 160318 P 15 @ 0,13 $
XIU 160318 C 16 @ 6,60 $ XIU 160318 P 16 @ 0,17 $
XIU 160318 C 17 @ 5,62 $ XIU 160318 P 17 @ 0,24 $
XIU 160318 C 18 @ 4,64 $ XIU 160318 P 18 @ 0,30 $
XIU 160318 C 19 @ 3,78 $ XIU 160318 P 19 @ 0,41 $
XIU 160318 C 20 @ 2,90 $ XIU 160318 P 20 @ 0,62 $
XIU 160318 C 21 @ 2,15 $ XIU 160318 P 21 @ 0,91 $
XIU 160318 C 22 @ 1,44 $ XIU 160318 P 22 @ 1,23 $
XIU 160318 C 23 @ 0,90 $ XIU 160318 P 23 @ 1,68 $
XIU 160318 C 24 @ 0,48 $

XIU 160318 P 24 @ 2,25 $

 

Achat de l’option de vente

Options de vente Prix initial

17 avril 2015

Valeur intrinsèque de l’option de vente en fonction de

XIU = 18,34 $

Rendement optimal potentiel
XIU 160318 P 19 0,41 $ 0,66 $ 61 %
XIU 160318 P 20 0,62 $ 1,66 $ 168 %
XIU 160318 P 21 0,91 $ 2,66 $ 192 %
XIU 160318 P 22 1,23 $ 3,66 $ 198 %
XIU 160318 P 23 1,68 $ 4,66 $ 177 %
XIU 160318 P 24 2,25 $ 5,66 $ 152 %

 

Nous choisirons l’option de vente qui nous offre le meilleur rendement en fonction de la valeur intrinsèque découlant du prix cible de 18,34 $ sur XIU. Dans ce cas-ci, c’est l’option de vente XIU 160318 P 22 à 1,23 $ avec un rendement potentiel de 198 % qui sera notre choix. Avec l’encaisse de 6 765 $, nous pouvons acheter exactement 55 contrats.

 

Vente de l’option d’achat

Options d’achat Prix initial

17 avril 2015

Valeur intrinsèque de l’option d’achat en fonction de

XIU = 18,34 $

Profit potentiel
XIU 160318 C 17 5,62 $ 1,34 $ 4,28 $
XIU 160318 C 18 4,64 $ 0,34 $ 4,30 $
XIU 160318 C 19 3,78 $ 0,00 $ 3,78 $

 

Le choix de l’option d’achat que nous vendrons devra porter non pas sur le rendement optimal, mais sur le profit le plus élevé en dollars puisque la vente d’options d’achat non couvertes nécessite le dépôt d’une marge et non le paiement d’une prime. Dans ce cas-ci, nous choisirons donc l’option d’achat qui nous donnera le profit le plus élevé en fonction du prix cible de 18,34 $ sur XIU. Nous avons comparé les options d’achat ayant un prix de levée de 17 $, 18 $ et 19 $ qu’on pouvait vendre au prix de 5,62 $, 4,64 $ et 3,78 $. Nous avons ensuite calculé la valeur intrinsèque de chacune, 1,34 $, 0,34 $ et 0,00 $, en fonction d’un prix de XIU à 18,34 $. Nous avons ensuite déterminé que le profit potentiel pour chacune de ces options serait alors de 4,28 $, 4,30 $ et 3,78 $. Nous avons donc choisi de vendre les options d’achat XIU 160318 C 18 à 4,64 $. Avec l’encaisse de 6 765 $, nous pouvons vendre seulement 10 contrats d’options d’achat. Le nombre de contrats est obtenu en appliquant une marge de 30 % sur la valeur de XIU comme si nous faisions la vente directement sur le titre au lieu des options afin de ne pas compliquer les calculs pour les besoins de cet article. Cependant, le résultat ne devrait pas être significativement différent d’une méthode à l’autre.

Soit,

30 % x 22,55 $ = 6,765 $ de marge requise pour une action. Or, comme nous avons 6 765 $ en encaisse, nous pouvons donc vendre 10 contrats d’options d’achat XIU 160318 C 18 à 4,64 $.

 

Résultats au 22 janvier 2016

 

Options Position initiale

17 avril 2015

Fermeture de la position

22 janvier 2016

Profit réalisé
Achat XIU 160318 P 22 Achat 55 contrats @ 1,23 $

6 765 $ débit

Vente 55 contrats @ 3,78 $

20 790 $ crédit

14 025 $

207 %

Vente XIU 160318 C 18 Vente 10 contrats @ 4,64 $

4 640 crédit

6 765 $ marge

Achat 10 contrats @ 0,82 $

820 débit

3 820 $

57 %

 

Le 22 janvier 2016, nous avons fermé nos positions au prix du marché alors que les options avaient encore du temps à courir jusqu’au 18 mars 2016. Comme nous pouvons le constater, cette fois-ci c’est au tour de l’achat des options de vente d’être la stratégie la plus profitable, et de loin, avec un profit de 14 025 $, pour un rendement de 207 % sur le capital disponible, alors que la vente d’options d’achat produit un profit de 3 820 $, pour un rendement de 57 % sur le capital disponible.

Ce que nous pouvons conclure à l’issue de ces trois articles comparatifs, c’est qu’il n’y a pas une façon de faire qui s’applique à tous les cas. De la même manière qu’on ne peut utiliser un marteau comme seul outil pour effectuer tous nos travaux de rénovation. Les stratégies d’options disponibles doivent être utilisées en fonction d’objectifs bien précis. Dans les trois articles, nous avons utilisé des scénarios dont le résultat ne faisait aucun doute puisque nous en connaissions l’issue. Dans la vraie vie cependant, nous naviguons dans l’incertitude et c’est pour cela qu’il nous faut envisager la possibilité que le marché ne fasse pas ce que nous anticipons. Ainsi, la question à se poser lorsqu’on implante une stratégie est « qu’arrivera-t-il si le marché continue sa marche haussière plutôt que de baisser comme nous le présentions » ?  Il faut donc évaluer les pertes potentielles également et non seulement le profit potentiel lié à l’atteinte de nos objectifs.

Donc, si on récapitule. Dans le premier article, nous avons utilisé des options mensuelles afin de suivre le marché dans sa baisse. Avantage pour la vente d’options d’achat.

Dans le deuxième article, nous avons utilisé des options ayant une échéance postérieure au 22 janvier 2016. Avantage également pour la vente d’options d’achat.

Finalement, dans ce dernier article, nous avons maximisé l’utilisation du capital, et c’est l’achat des options de vente qui en est sortie grande gagnante.

Il faut en toutes situations bien cerner les risques implicites de chacune des stratégies d’options qui s’offrent à nous. C’est-à-dire que si vous croyez à 100 % en votre scénario, alors certaines stratégies, comme nous l’avons démontré, sont plus performantes que d’autres. Cependant, si vous êtes confiants, mais incertains, alors il peut être préférable d’envisager une stratégie alternative qui vous donnera un certain potentiel plutôt que de vous limiter. Ainsi, dans le premier et deuxième article, l’achat des options de vente, bien qu’elle soit moins performante, nous permettrait de tirer avantage d’une hausse si le marché montait au lieu de descendre comme anticipé. Alors que dans ce dernier article, ce qu’il faut prendre en compte, c’est la perte potentielle qui pourrait survenir en cas de hausse. Avec l’achat des options de vente, le risque en cas d’échec est la perte totale du capital disponible de 6 765 $ si XIU clôture au-dessus du prix de levée de 22 $ à l’échéance du 18 mars 2016. Alors que pour la vente des options d’achat, la perte de 6 765 $ (6,76 $ par action) ne se produira que si XIU clôture à un prix supérieur à 29,31 $ (22,55 $ + 6,76 $). Nous avons donc une plus grande marge de manœuvre.

Ainsi, ce n’est qu’une fois que nous avons une bonne compréhension de chaque stratégie que nous pouvons prendre des décisions éclairées, et en toute connaissance de cause.

 

Bonnes transactions et bonne semaine !

 

Les stratégies présentées dans le cadre de cette chronique ne le sont qu’à titre d’information et de formation et ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations pour acheter ou vendre toutes valeurs mobilières. Comme toujours, avant de mettre en place des stratégies d’options assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêts à en assumer tous les risques.

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

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