La sélection des dates d’échéance et des prix de levée aux fins d’une stratégie sur options est un processus assez simple, mais parfois contre-intuitif. Le choix optimal des dates d’échéance et des prix de levée dépend de quelques facteurs, mais il existe une méthode générale de sélection qui s’applique à toutes les stratégies. Le présent billet se veut une analyse des dates d’échéance et des prix de levée en fonction de chacun des facteurs importants, autres que le prix. Bon nombre d’investisseurs cherchent à acheter les options les moins chères et à vendre les plus chères, mais nous démontrerons pourquoi il ne s’agit pas de la meilleure stratégie. Pour en savoir plus sur le choix optimal des dates d’échéance et des prix de levée, visionnez notre plus récent webinaire sur le sujet.
Le graphique ci-après (non à l’échelle) illustre l’érosion du prix d’une option à mesure que la date d’échéance approche. Cette perte de valeur, appelée « érosion de la valeur temps », est représentée (mesurée) par le coefficient thêta. Toutes choses égales d’ailleurs, le rythme d’érosion (non linéaire) de la valeur temps d’une option augmente à mesure que l’échéance approche. Par exemple, l’érosion quotidienne de la valeur temps sera moins élevée pour une option échéant dans trois mois que pour une option échéant dans trois semaines. Nous vous recommandons de vous familiariser avec ce concept clé, puisqu’il joue un rôle important dans le choix des dates d’échéance les mieux adaptées à une stratégie.
En matière d’achat d’options, de nombreux investisseurs ont tendance à se tourner vers des options à court terme en raison de leur prix peu élevé. Bien que cette solution puisse sembler logique, la plupart des investisseurs qui se fient à cette intuition omettent le facteur le plus important : l’érosion de la valeur temps. En effet, en ce qui concerne la date d’échéance, un acheteur devrait privilégier une option à long terme, qui coûte plus cher. L’érosion de la valeur temps sera plus lente (son thêta, moins élevé) que celle d’une option à court terme, dont le thêta est plus élevé. Ainsi, l’acheteur d’une option a intérêt à accorder de l’importance à l’érosion de la valeur temps dans le choix de ses dates d’échéance. Un investisseur peut acheter une option à long terme et la conserver pour la même période qu’une option à plus court terme : il aura ainsi réduit la perte de valeur attribuable à l’érosion de la valeur temps.
Exemple : Le 2 juin 2020, un investisseur a un point de vue haussier sur l’action BMO (70,52 $) et il souhaite acheter une option d’achat. Dans cet exemple, comparons deux options d’achat au prix de levée de 70 $ échéant en juillet et en août. La valeur de l’option échéant en juillet s’érodera presque deux fois plus vite que celle de l’option échéant en août.
Achat d’une option d’achat au prix de levée de 70 $ échéant en juillet pour un total de 360 $ (prime de 3,60 $ × 100 actions)
Thêta = 0,0341, soit une érosion de la valeur temps de 3,41 $ par jour. L’option perd 0,94 % de sa valeur chaque jour.
Achat d’une option d’achat au prix de levée de 70 $ échéant en août pour un total de 440 $ (prime de 4,40 $ × 100 actions)
Thêta = 0,029, soit une érosion de la valeur temps de 2,29 $ par jour. L’option perd 0,54 % de sa valeur chaque jour.
En matière de vente d’options, de nombreux investisseurs ont tendance à vendre des options à long terme en raison de leur prime accrue, qui génère ainsi un revenu accru. Encore une fois, cette solution semble logique selon un objectif d’augmentation du revenu. Cependant, les investisseurs qui suivent cette intuition omettent encore le facteur le plus important. Ainsi, il est préférable de vendre des options à court terme, dont l’érosion de la valeur temps est accélérée, comme l’indique leur thêta élevé. Quand on vend des options, le facteur le plus important à considérer n’est pas la prime totale, mais bien la rapidité de perception des revenus.
Exemple : Le 2 juin 2020, un investisseur a un point de vue neutre sur l’action BMO (70,52 $) et il souhaite vendre une option d’achat couverte. Dans cet exemple, comparons deux options d’achat au prix de levée de 74 $ échéant en juillet et en août. La valeur de l’option échéant en juillet s’érodera plus de deux fois plus vite que celle de l’option échéant en août.
Vente d’une option d’achat couverte au prix de levée de 74 $ échéant en juillet pour un total de 159 $ (prime de 1,59 $ × 100 actions)
Thêta = 0,0278, soit une érosion de la valeur temps de 2,78 $ par jour. L’option perd 1,74 % de sa valeur chaque jour.
Vente d’une option d’achat couverte au prix de levée de 74 $ échéant en août pour un total de 241 $ (prime de 2,41 $ × 100 actions)
Thêta = 0,0203, soit une érosion de la valeur temps de 2,03 $ par jour. L’option perd 0,84 % de sa valeur chaque jour.
Pour choisir le prix de levée dans le cadre d’une stratégie sur options, il faut comprendre l’incidence de trois facteurs principaux. Par ailleurs, les objectifs et la tolérance au risque varient d’un investisseur à l’autre. Aussi, pour aider chaque personne à trouver son compte, nous vous présentons les avantages et les inconvénients de chaque facteur. Au moment de choisir un prix de levée, les éléments importants à prendre en compte sont le coefficient delta, le coefficient gamma et le prix de l’option. Le delta est un paramètre important qui détermine l’effet de levier associé à une option. Quant au gamma, il s’agit d’un facteur souvent négligé dans le choix des prix de levée. Le delta mesure la sensibilité de la valeur d’une option aux variations du cours du titre sous-jacent. Pour sa part, le gamma mesure la variation à la hausse ou à la baisse du delta en fonction des variations du cours du titre sous-jacent.
En jeu : Une option en jeu présente un delta élevé, mais coûte généralement cher. Elle permet de reproduire une position sur un titre selon un profil de risque et de rendement assez symétrique en raison d’un gamma relativement faible. Une telle option convient généralement aux stratégies remplaçant l’achat de titres.
À parité : Une option à parité présente un delta modéré et un gamma élevé. Ce dernier entraîne le delta à la hausse lorsque la position progresse en faveur de l’investisseur; il l’entraîne à la baisse dans le cas contraire. Une option à parité convient généralement à la spéculation directionnelle.
Hors jeu : Une option hors jeu présente un delta et un gamma faibles, mais son prix est très bas. En règle générale, une telle option ne convient qu’aux stratégies hautement spéculatives qui reposent sur l’hypothèse d’une variation directionnelle importante du cours du titre sous-jacent.
En jeu : Les options en jeu ont les primes les plus élevées. Cependant, en règle générale, une telle option convient peu à la vente en raison de sa faible valeur temps et de sa très petite probabilité d’expiration sans valeur.
À parité : Une option à parité comporte une prime modérée et procure à un investisseur la meilleure protection contre les pertes. En revanche, elle présente une probabilité modérée d’expiration sans valeur. Le gamma élevé d’une telle option représente un facteur généralement défavorable pour les vendeurs d’options. En effet, une option à parité peut entraîner des pertes aussi rapides qu’importantes.
Hors jeu : Les options hors jeu ont les primes les plus faibles. Toutefois, ce qui rend une telle option intéressante auprès des vendeurs d’options, c’est la faiblesse de son delta et de son gamma, qui se traduit par une forte probabilité d’expiration sans valeur et par une réduction du risque de pertes importantes.
Pour obtenir un résumé des lignes directrices à suivre quant au choix optimal des dates d’échéance et des prix de levée, veuillez vous reporter au guide ci-après et au document infographique complémentaire.
1) Option d’achat couverte : Stratégie sur option qui consiste à générer des revenus à partir d’un titre détenu en portefeuille.
2) Vente d’une option de vente : Stratégie de génération de revenu et d’acquisition de titres.
3) Vente d’un écart vertical créditeur : Stratégie conçue pour plafonner le risque associé à la vente d’une option d’achat ou de vente non couverte.
1) Achat d’une option d’achat ou de vente : Stratégie directionnelle simple.
2) Écart débiteur : Stratégie directionnelle complexe dont le risque est limité et le rendement est plafonné.
Effectuer le choix idéal concernant une date d’échéance et un prix de levée peut parfois être une tâche ardue compte tenu des centaines, voire des milliers de possibilités. Les critères de sélection d’une date d’échéance changent selon que l’on achète ou que l’on vend une option. Quant au choix d’un prix de levée, il dépend de la perspective et de la tolérance au risque de l’investisseur. Au moment d’arrêter un choix, bien que cela semble contre-intuitif, il faut éviter d’accorder la priorité au prix, qui n’est pas le meilleur facteur décisionnel en règle générale. Pour choisir une date d’échéance, il convient de prêter attention au coefficient thêta, qui indique le taux d’érosion de la valeur temps. En ce qui concerne la sélection d’un prix de levée, les coefficients delta et gamma sont des facteurs importants qui sont trop souvent négligés par les investisseurs débutants.
Ci-après figure un résumé des lignes directrices à suivre à cet égard.
Dates d’échéance
Achat – Long terme (45 jours ou plus)
Vente – Court terme (45 jours ou moins)
Prix de levée
Achat – À parité ou légèrement en jeu
Vente – Hors jeu
Mise en garde
Les stratégies décrites dans le présent blogue ne sont présentées qu’à des fins d’information et de formation. Elles ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations d’acheter ou de vendre quelque valeur mobilière que ce soit. Comme toujours, avant de mettre en œuvre des stratégies sur options, assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêt à en assumer tous les risques.
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Chef de la stratégie liée aux produits
OptionsPlay
Tony Zhang est un spécialiste du secteur des services financiers possédant plus d’une dizaine d’années d’expérience dans des postes liés au développement de produits, à la recherche et à la stratégie de marché pour les marchés des actions, des changes et des dérivés. À titre de chef de la stratégie liée aux produits d’OptionsPlay, Tony dirige actuellement la recherche et le développement pour la plateforme OptionsPlay Ideas & Portfolio. Animé par sa passion pour la technologie financière et le développement de produits, il a offert aux clients et aux utilisateurs servis par OptionPlay des solutions innovatrices et repensées. Il avait auparavant travaillé pendant 7 ans à FOREX.com, où il s’est formé aux marchés financiers et à la recherche en tant que stratège de marché spécialisé dans les marchés d’actions et de dérivés de change.