Options sur indices
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La vente d’options : une bonne affaire

Hans Albrecht
17 septembre, 2018
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La vente d’options : une bonne affaire

Quand on observe le prix des options, on devrait toujours garder à l’esprit que les primes, bien que certainement liées à la réalité, constituent un outil de prédiction imparfait. L’évaluation des options repose sur une tentative de prévision de la variation des cours des titres de participation ou des indices à l’intérieur d’une période future donnée, mais elle est peu susceptible d’être parfaitement juste au bout du compte. 

 

Par exemple, le cours des options sur l’indice S&P/TSX 60md peut reposer sur la prévision d’une variation journalière de 1 %, mais la justesse de cette prévision ne sera connue qu’une fois la période visée terminée. Pour prendre un exemple de la vie réelle, pensons à la façon dont une compagnie d’assurance évalue le risque de dommages au moment d’établir le prix d’une assurance habitation. Elle peut supposer qu’elle devra payer 500 000 $ à la suite de réclamations sur un échantillon de 500 contrats. Si elle peut établir le prix de ces contrats selon une hypothèse de réclamations qui s’élèveraient à 800 000 $, elle gagnera probablement au change (réclamations hypothétiques de 800 000 $ contre un débours réel de 500 000 $). Il s’agit d’estimations très éclairées qui conduisent à une réelle expertise au fil du temps.

 

Les vendeurs d’options sur l’indice S&P/TSX 60md sont également devenus de réels experts dans l’établissement des primes. Si l’on observe une distribution normale des résultats d’un indice, on constate que 68,2 % du temps l’indice se négociera à l’intérieur de la fourchette de l’écart-type (par exemple, une variation quotidienne pouvant aller de -1 % à 1 % selon ce que suggère la volatilité implicite de l’option). Par conséquent, cela implique aussi que l’évaluation des options, s’appuyant sur la loi normale, repose sur l’hypothèse que dans 31,8 % des cas l’indice devrait se négocier à l’extérieur de cette fourchette.

 

Une étude menée par Société Générale (SocGen) sur un échantillon de variations du marché remontant à 1990 indique que les titres de participation se sont en fait négociés à l’intérieur des fourchettes prévues encore plus fréquemment. De fait, ils se sont négociés à l’intérieur de ces fourchettes dans 84,9 % des cas au lieu de 68,2 % du temps comme le suppose l’évaluation des options. Autrement dit, ils se sont négociés à l’extérieur des fourchettes bien moins souvent que le suggéraient les options sur indice boursier.

 

Cela porte à croire que les options ont été grandement surévaluées au cours des 28 dernières années. Bien que l’évaluation des options reposait sur l’hypothèse que le cours de l’indice pouvait connaître des variations supérieures à l’écart-type dans 31,8 % des cas, le fait est que cela ne s’est produit que dans 15,1 % des cas. La « compagnie d’assurance » évalue le prix des contrats selon une hypothèse établissant la valeur des paiements liés aux réclamations au double des paiements effectivement versés. Vendre de l’assurance pour le double de la juste valeur d’après la concrétisation des risques observée pendant 28 ans? C’est une bonne affaire.

 

 

Distribution normale des variations du marché

 

Source : SocGen/Horizons ETFs, août 2018.

Hans Albrecht
Hans Albrecht http://www.horizonsetfs.com/

Vice-président, gestionnaire de portefeuille et stratège en options

Horizons ETFs Management (Canada) Inc (les « FNB »)

Hans Albrecht est vice-président, gestionnaire de portefeuille et stratège en options chez Horizons ETFs Management (Canada) Inc. Il est cogestionnaire de l’un des plus grands portefeuilles d’options au Canada ainsi que de FNB d’options d’achat couvertes représentant 800 millions de dollars, et il supervise les activités quotidiennes liées aux options. M. Albrecht a également été teneur de marché sur options sur le parquet et a négocié un vaste portefeuille à haute volatilité pour la Financière Banque Nationale pendant de nombreuses années. Il a donné des conférences à l’université McGill et a participé à de nombreux panels d’experts en produits dérivés. Il a été cité par Bloomberg et dans Investment Advisor et le Globe and Mail, et il est un collaborateur régulier à BNN. Il est lauréat du prix Lipper pour FNB.

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Un commentaire

  1. Avatar olivier

    Excellent article, j’avais constaté que les mouvements sur l’eurodollar avait une forme leptokurtique, et superposée à la loi normale, il devient alors visuel que la probabilité réelle était inférieur à la probabilité du modèle classique d’évaluation des options, mais il restait à chiffrer cette différence pour se faire une idée précise du surcout payé par l’acheteur d’options. Avec cet article c’est chose faite : 15.1% de risque payé 31.8%, forcément ça fait mal au porte monnaie. Il en découle que la majorité des stratégies sur options sont des stratégies vendeuses, et ça le restera tant que les options sont surévaluées.

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