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Les lettres grecques – le thêta

Martin Noël
28 mars, 2017
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Les lettres grecques – le thêta

Cette semaine nous abordons une autre variable grecque, le thêta. Le thêta mesure la variation du prix de l’option suite à une variation du temps à courir jusqu’à l’échéance de l’option. On se souviendra que la prime de l’option est composée de deux variables, la valeur intrinsèque et la valeur temps. Or, comme à l’échéance il n’y a plus de temps à courir, la valeur de l’option est par conséquent égale à sa valeur intrinsèque. C’est donc dire que quiconque achète une option, peut s’attendre à perdre 100% de la valeur temps de l’option. Cette perte devra alors être compensée par une augmentation correspondante de la valeur intrinsèque jusqu’au seuil d’équilibre de l’option avant de commencer à réaliser un profit. La valeur temps s’érode au détriment du détenteur de l’option alors que son érosion est favorable au vendeur de l’option. Le thêta permet aux investisseurs d’estimer l’érosion de la valeur temps sur une base quotidienne.

Supposons qu’un investisseur soit optimiste face à l’évolution des cours sur les actions de George Weston Limitée (WN) et qu’il décide d’acheter dix contrats d’option d’achat WN 20170421 C 110 à 3,75 $ alors que WN se négocie à 112,43 $ à la clôture du marché le vendredi 17 mars 2017. La valeur intrinsèque de cette option d’achat est de 2,43 $ (112,43 $ – 110,00 $) alors que la valeur temps est de 1,32 $ (3,75 $ – 2,43 $). L’investisseur est donc assuré de perdre 1,32 $ par action, ou 1 320 $ pour les 10 contrats, au cours des 35 prochains jours, soit d’ici l’échéance du 21 avril 2017. Cette perte devra alors être compensée par une hausse du prix de WN jusqu’au seuil d’équilibre de 113,75 $ (110,00 $ + 3,75 $), soit une hausse équivalente de la valeur intrinsèque de 1,32 $.

Variables grecques pour l’option d’achat WN 20170421 C 110

Tableau répliquant le Calculateur d’options de la Bourse de Montréal

Comme nous pouvons le constater sur le tableau précédent, l’option d’achat WN 20170421 C 110 a un thêta de -0,0391 ce qui signifie que cette option perdra près de 0,04 $ par action à tous les jours d’ici l’échéance du 21 avril, soit près de 3,90 $ par jour pour chaque contrat détenu, ou 39 $ par jour pour les 10 contrats. Supposons maintenant que l’investisseur considère que cette perte de la valeur temps est trop importante et qu’il veuille la réduire le plus possible. Tout ce qu’il a à faire, entre autres, c’est de prendre une position vendeur sur une autre option d’achat afin de tirer avantage de l’érosion de la valeur temps sur cette dernière.

Variables grecques pour l’option d’achat WN 20170421 C 115

Tableau répliquant le Calculateur d’options de la Bourse de Montréal

Ainsi, comme nous pouvons le constater sur le tableau précédent, il pourrait transformer sa position en écart haussier, en vendant 10 contrats d’options d’achat WN 20170421 C 115 à 0,90 $, ce qui viendrait réduire l’impact négatif du thêta de 0,0261 $ par action, ou de près de 26 $ par jour. Au total, l’impact négatif total ne serait plus que de 13 $ par jour (39 $ – 26 $), ou de 420 $ au total d’ici l’échéance du 21 avril 2017, au lieu de 1 320 $ initialement.

Cependant, comme rien n’est gratuit en finance, cette réduction du risque lié à l’érosion de la valeur temps vient également avec une réduction du profit potentiel en cas de hausse du prix de WN. Nous sommes donc partis avec une position acheteur de 10 contrats sur les options d’achat WN 20170421 C 110 à 3,75 $, qui nous permettait de tirer avantage de toutes hausses supérieures au seuil d’équilibre de 113,75 $, pour nous retrouver, en vendant les options d’achat WN 20170421 C 115 à 0,90 $, avec un écart haussier avec un seuil d’équilibre réduit à 112,85 $ (113,75 $ – 0,90 $) mais, en contrepartie, avec un profit maximal limité à 2,15 $ par action (115 $ – 112,95 $), ou 2 150 $ au total pour les 10 contrats.

Investir c’est faire des choix, et comme les options nous permettent de peaufiner nos risques en fonction de plusieurs variables, nous avons donc plus de choix à notre disposition. C’est un avantage indéniable qui nous permet de moduler notre profil de rendement et de risque en fonction de nos objectifs. L’utilisation du thêta nous permet de définir de manière plus précise le risque que nous voulons consacrer à l’érosion de la valeur temps et nous devons donc être conscient que chaque ajustement effectué qui nous avantage sur un plan, nous désavantagera sur un autre. C’est le compromis que nous devons faire pour atteindre nos objectifs.

Veuillez prendre note qu’il y a plusieurs autres stratégies qui peuvent nous permettent, de non seulement limiter, ou réduire, l’impact négatif de l’érosion de la valeur temps, mais de tirer avantage de cette érosion. On trouve ces stratégies dans la catégorie des stratégies non-directionnelles et nous aurons l’opportunité d’en explorer quelques unes au cours des prochaines semaine.

 

Bonnes transactions et bonne semaine!

 

Les stratégies présentées dans le cadre de cette chronique ne le sont qu’à titre d’information et de formation et ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations pour acheter ou vendre toutes valeurs mobilières. Comme toujours avant de mettre en place des stratégies d’options assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêts à en assumer tous les risques.

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

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