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BCE : acheter quand survient le creux

Patrick Ceresna
12 juin, 2018
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BCE : acheter quand survient le creux

On trouve une pléthore d’analystes prédisant chacun une chose et son contraire à partir de l’analyse fondamentale du titre de BCE (TSX : BCE). Certains sont préoccupés par son modèle d’affaires et le déclin de son taux de croissance, tandis que d’autres affirment que le flux de dividendes de BCE fait en sorte qu’il est plus judicieux de détenir ce titre que des obligations. En tant que négociateur, je recherche une approche tactique qui me permettra de tirer avantage des revirements majeurs touchant les grandes tendances des cours d’actions. Voici donc les éléments qui m’aideront à déceler le moment déterminant où cette action mise à mal se redressera.

Tout d’abord, j’estime que le mouvement de vente qui touche le titre de BCE n’est pas principalement attribuable aux données financières de la société, mais plutôt aux taux d’intérêt. Comme la plupart des titres sûrs à dividende élevé, l’action de BCE est assimilable à des obligations. Au cours de la dernière année, le taux d’intérêt des obligations du gouvernement du Canada de cinq ans est passé de 0,90 % à plus de 2,30 % en mai 2018. Cette hausse de taux de plus de 100 % agit comme un véritable frein pour presque tous les actifs à haut rendement.

Pourquoi les taux augmentent-ils? On met souvent en cause les écarts de taux avec les États-Unis, la vigueur de l’économie canadienne, qui est en mesure d’absorber une normalisation des taux, et même la volonté de calmer le marché immobilier. Ces opinions ne sont pas infondées, mais je crois pour ma part que c’est l’inflation qui est à l’œuvre. À mon avis, les prévisions inflationnistes à la hausse sont automatiquement prises en compte dans le prix de toutes les obligations de longue durée, ce qui provoque une hausse des taux d’intérêt et une baisse du prix des obligations, et accentue la pression sur les actions assimilables à des obligations comme celles de BCE.

Mais quels sont les facteurs qui orientent les prévisions inflationnistes? Ils sont nombreux, mais le plus important est sans conteste le cours du pétrole. Examinez le graphique ci-dessous qui compare le rendement des obligations du gouvernement du Canada de 10 ans et le cours du pétrole brut.

 

Peut-être voyez-vous où je veux en venir?

Selon mon hypothèse, le rendement des obligations à long terme prend en compte les prévisions inflationnistes à la hausse attribuables à la montée du cours du pétrole, ce qui vient exercer une pression sur les actions assimilables à des obligations. Lorsque le cours du pétrole culminera, il en ira de même pour les taux d’intérêt, ce qui confirmera le creux des actions assimilables aux obligations, dont celles de BCE.

Alors, le cours du pétrole a-t-il atteint un point culminant? Nous avons assurément atteint un sommet à court terme qui ne sera pas dépassé d’ici la réunion de l’OPEP en juin, mais s’agira-t-il d’un sommet pour l’année 2018? Cela reste à voir.

D’où la question : quelle est la position à adopter pour acheter le titre de BCE? Est-il trop tôt pour acheter le titre à son creux, ou risque-t-on de rater une excellente occasion d’achat en s’abstenant?

 

À mon avis, le moment est tout indiqué pour se tourner stratégiquement vers les options pour ouvrir une position.

Pour les néophytes en matière d’options négociées en bourse, mentionnons que l’achat d’une option d’achat vous donne le droit, mais non l’obligation, d’acheter un titre à un prix donné au cours d’une période donnée.

Voyez à titre d’exemple le scénario suivant :

– Un investisseur souhaite acquérir le droit d’acheter 1 000 actions, soit un investissement d’un peu plus de 50 000 $.
– Le 6 juin 2018, le titre de BCE (TSX : BCE) se négocie à 54,82 $.
– L’option d’achat venant à échéance le 20 juillet 2018 se vend à 0,35 $ (volatilité implicite de 9,2 %).
Plutôt que de risquer d’effectuer une opération trop hâtivement, l’investisseur acquiert 10 options d’achat (chacune lui donnant le droit d’acheter 100 actions) pour 350,00 $ (10 x 100 x 0,35 $)

L’investisseur fixe son risque maximal à 350 $ et dispose de six semaines pour décider s’il souhaite exercer son droit d’acheter les actions au prix de 55,00 $. Selon moi, tout repose sur le caractère optionnel de l’opération. Si le cours du pétrole grimpe durant l’été et que les taux d’intérêt poursuivent leur ascension, il est alors probablement encore trop tôt pour acheter, si bien que les options d’achat produiront une perte à l’échéance. J’estime que cette situation est acceptable, car j’aurai certainement la possibilité d’acheter le titre de BCE à un cours inférieur. En revanche, s’il s’avère que l’action a atteint son creux, j’exercerai mon droit d’acquérir l’action et j’aurai obtenu ma position à un cours avoisinant le creux sur 52 semaines.

Qui plus est, les Canadiens peuvent également exécuter cette stratégie dans leurs comptes enregistrés.

 

Merci de m’avoir lu!

 

 

 

Patrick Ceresna
Patrick Ceresna http://www.bigpicturetrading.com

Gestionnaire spécialisé en produits dérivés

Big Picture Trading Inc.

Patrick Ceresna est le fondateur et le conseiller en chef en matière de stratégies boursières de Big Picture Trading. Il est aussi coanimateur des balados MacroVoices et Market Huddle. Il détient les titres de Chartered Market Technician (technicien agréé du marché), de gestionnaire spécialisé en produits dérivés et de gestionnaire de placements agréé. En plus de ses fonctions à Big Picture Trading, M. Ceresna offre une formation sur les produits dérivés de la Bourse de Montréal, membre du Groupe TMX. La formation, qui s’adresse aux investisseurs et aux professionnels en placement de partout au Canada, porte sur les nombreuses fonctions utiles des options à l’intérieur d’un portefeuille de placements. Patrick se spécialise dans l’analyse des conditions macroéconomiques du marché mondial et dans la manière de convertir ces dernières en occasions de placement et de négociation concrètes. Sa connaissance avancée de l’analyse technique lui permet d’établir des liens entre les différents thèmes macroéconomiques dans le but de suggérer des stratégies de négociation à mettre en œuvre. Fort de solides connaissances en négociation d’options, il recherche des occasions de placement à profil de risque et de rendement asymétrique qui permettent de tirer avantage des rendements, tout en cernant et en gérant le risque ou en générant des revenus accrus et stables. Patrick a conçu et il enseigne activement les programmes de maître offerts par Big Picture Trading sur les aspects techniques de la négociation, la négociation d’options et la macroéconomie. Il fournit également aux membres le contenu des webinaires quotidiens d’analyse du marché en direct, des services d’alerte et des modèles de portefeuille.

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