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Comment vendre une option de vente dans son REER?

Martin Noël
14 mai, 2012
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Avec les marchés qui sont en mode correction, plusieurs investisseurs sont présentement en train de construire leur liste de titres à acheter. Cette liste contiendra une sélection de titres de qualité pour lesquels les investisseurs seront prêts à investir leur capital âprement gagné. L’analyse fondamentale sera privilégiée pour les titres qu’on veut détenir sur quelques années alors que l’analyse technique devra être prise en compte pour les titres dont la détention n’est prévue que pour une courte période de temps. La vente d’options de vente est une stratégie efficace pour les investisseurs qui veulent acquérir des titres de qualité sur faiblesse. Cependant, cette stratégie n’est pas permise dans les comptes enregistrés comme le REER et le CELI. Les seules stratégies permises sont l’achat d’actions, l’achat d’options d’achat, l’achat d’options de vente et la vente d’options d’achat couvertes.

Alors, comment contourner ce problème? Tout simplement en se servant de la parité put-call. Pour de plus amples informations sur le sujet, veuillez consulter la chronique du 28 juin 2010, intitulée « La parité put-call ». En bref, la parité put-call nous indique qu’il est possible de transformer un call en put et un put en call. Par conséquent, dans ce cas-ci nous chercherons à reproduire l’équivalent du profil de profits et pertes de la vente d’options de vente en utilisant les instruments permis dans les comptes enregistrés.

Les titres bancaires sont généralement considérés comme des titres de qualité à long terme (sauf lorsqu’on est en pleine crise du crédit bien sûr). Dans l’exemple qui suit nous utiliserons le FNB XFN qui suit le rendement de l’indice S&P/TSX du secteur des finances alors qu’il cotait à 22,32 $ à la fermeture du marché le 11 mai dernier. Un investisseur désire acheter XFN aux alentours de 21,50 $ d’ici l’échéance du mois de juin. En vendant une option de vente XFN JUN 22 P échéant en juin et ayant un prix de levée de 22 $ au prix de 0,38 $, l’investisseur contracte l’obligation d’acheter 100 actions de XFN à 22 $ si le détenteur des options de vente les exerce. Le coût de revient des actions serait alors de 21,62 $ (prix de levée de 22 $ moins la prime reçue de 0,38 $).

Profil de profits et pertes de la vente d’options de vente sur XFN JUN 22 P à 0,38 $

Le profit maximal de 38 $ par contrat (0,38 $ par action) est obtenu si XFN ferme à un prix supérieur au prix de levée de 22 $ à l’échéance du mois de juin puisque les options de vente viendront alors à l’échéance sans valeur. La perte maximale est égale au prix de revient de 21,62 $. L’investisseur achètera les actions si XFN termine sous le prix de levée de 22 $ à l’échéance du mois de juin puisque le détenteur des options de vente exercera son droit de vendre les actions. Par conséquent, la vente d’options de vente place l’investisseur dans deux situations. 1) détenteur des actions quand les prix baissent sous le prix de levée et 2), détenteur d’encaisse quand les prix augmentent au-dessus du prix de levée.

La stratégie équivalente à la vente d’options de vente est la vente d’options d’achat couvertes qui est permise dans les comptes enregistrés. Dans ce cas-ci, il suffit d’acheter les parts XFN et de vendre un contrat d’options d’achat XFN JUN 22 C échéant en juin et ayant un prix de levée de 22 $ au prix de 0,63 $ pour chaque tranche de 100 parts. L’investisseur contracte alors l’obligation de vendre ses parts XFN si le prix est supérieur au prix de levée de 22 $ à l’échéance du mois de juin. Dans le cas contraire, l’investisseur ne sera pas assigné puisque les options d’achat viendront à l’échéance sans valeur. Il aura alors en sa possession les parts XFN.

Profil de profits et pertes de la vente d’options d’achat couvertes sur XFN JUN 22 C à 0,63 $

Comme on peut le constater sur le graphique ci-dessus, le profit maximal de 31 $ par contrat (0,31 $ par action) est obtenu quand XFN est supérieur au prix de levée de 22 $ à l’échéance du mois de juin (prix de levée de 22 $ moins le prix actuel de 22,32 $ plus la prime reçue de 0,63 $). La perte maximale est égale au prix de revient de 21,69 $ (prix des parts XFN de 22,32 $ moins la prime reçue de 0,63 $).
Les deux stratégies nous offrent des profils de profits et pertes pratiquement identiques (à quelques cents par actions près). Avec les deux stratégies, lorsque XFN est supérieur à 22 $ à l’échéance de juin, l’investisseur ne détient pas d’actions et conserve son capital alors que lorsque XFN termine sous le prix de levée de 22 $ à l’échéance du mois de juin, l’investisseur se trouve en possession des parts XFN. On peut donc conclure que les deux stratégies sont équivalentes et que la vente d’options d’achat couvertes peut être utilisée en remplacement de la vente d’options de vente lorsqu’on veut acquérir des actions sur faiblesse. Tout ce qu’on a à faire c’est de choisir le prix de levée qui correspond au prix auquel on serait prêt à acheter les actions.

Les stratégies présentées dans le cadre de cette chronique ne le sont qu’à titre d’information et de formation et ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations pour acheter ou vendre toutes valeurs mobilières. Comme toujours avant de mettre en place des stratégies d’options assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêts à en assumer tous les risques.

Bonnes transactions et bonne semaine!

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

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