Les investisseurs entendent souvent l’expression « parité des options de vente aux options d’achat » sans en saisir pleinement le sens ni comment cette parité aide à contrôler le prix des options. Selon la définition de ce terme, pour un cours donné du sous-jacent et le même prix de levée des options de vente et des options d’achat et la même échéance, la valeur d’une option d’achat à un prix donné implique une valeur de l’option de vente, et ces deux valeurs sont en relation inverse. On entend dire souvent que la parité des options de vente aux options d’achat est vraie seulement des options de style européen puisque celles-ci ne peuvent pas être exercée avant leur date d’échéance. Cependant, en pratique, les mainteneurs de marché de la Bourse canadienne de produits dérivés assurent l’alignement des prix en se servant du même principe de parité pour toutes les options de style américain. C’est l’arbitrage* qui maintient la parité entre l’option d’achat, l’option de vente et le titre sous-jacent.
Une illustration qui permet de saisir ce concept consiste à imaginer une balançoire à bascule portant l’option d’achat d’un côté, l’option de vente de l’autre, et le sous-jacent au point pivot.
À mesure que la valeur de l’option d’achat augmente, celle de l’option de vente diminue, et vice-versa.
La manière la plus simple de comprendre ce concept est d’examiner comment s’effectue le choix entre l’achat direct de l’action ou l’achat d’une option d’achat assorti de la vente d’une option de vente (une combinaison). L’exposition au marché en position acheteur est la même dans les deux cas. Selon la formule de base : option d’achat – option de vente = prix de l’action – prix de levée + (intérêt – dividende).
L’achat direct de l’action nous oblige à financer la position, à payer de l’intérêt et à affecter les dividendes reçus à la réduction du coût de l’emprunt. Si nous choisissons plutôt d’acheter l’option d’achat et de vendre l’option de vente, nous ne touchons pas de dividende et nos frais financiers sont négligeables.
La parité des options de vente aux options d’achat permet la création de plusieurs positions synthétiques.
Nous venons d’examiner la combinaison ci-dessus, qui est aussi appelée position acheteur synthétique sur actions. L’inverse de cette position, c’est-à-dire la vente de l’option d’achat et l’achat de l’option de vente, crée une position vendeur synthétique sur actions. La combinaison des options d’achat et des options de vente au même prix de levée devrait toujours égaler 100 deltas, ce qui équivaut à ±100 actions du sous-jacent.
Un investisseur canadien peut aussi créer l’une ou l’autre des positions synthétiques suivantes :
Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, les mainteneurs de marché utilisent la relation trilatérale de l’action, de l’option d’achat et de l’option de vente pour maintenir les cotations et les cours.
L’une des méthodes favorites des mainteneurs de marché pour maintenir cette relation s’appelle la conversion.
La conversion consiste en une position acheteur sur actions combinée à l’achat d’une option de vente et à la vente d’une option d’achat. D’emblée, il est à noter que l’opération est à la fois longue (achat) et synthétiquement courte (vente) de 100 actions, les mêmes prix de levée de l’option d’achat et de l’option de vente équivalant à –100 actions, tout en étant simultanément longue (achat) de 100 actions physiques. Comme on l’a vu précédemment, cette position peut aussi se concevoir comme suit :
Le calcul du coût de portage de la conversion jusqu’à l’échéance s’effectue selon la formule suivante : Prix de levée x taux d’intérêt x durée à courir jusqu’à l’échéance – dividende reçu. Il est à noter que le coût de portage est fondé sur le prix de levée, et non sur le prix d’achat de l’action!
Étudions maintenant l’exemple suivant lorsque les prix de levée sont à parité :
Le coût du portage de cette position jusqu’à l’échéance correspond à la formule suivante : 50,00 $ x 0,03 x 60/365 – 0,20 $ = 0,05 $
Le mainteneur de marché a calculé que ce sont là les justes valeurs des options d’achat et de vente. Si l’option d’achat se négocie à 1,30 $, il aura recours à une conversion pour acheter l’action et l’option de vente et vendre l’option d’achat. Peu importe les fluctuations du sous-jacent, le mainteneur de marché réalise à l’échéance un profit de 7 cents autant de fois qu’il a eu la possibilité de réaliser son opération d’arbitrage. Bien que la conversion soit souvent considérée comme une opération non risquée, un changement des dates de versement de dividende, du montant du dividende ou des taux d’intérêt peut occasionner des risques.
À l’échéance, une conversion portant sur des options de style européen sera liquidée au prix de levée, et l’option d’achat ou de vente dont le prix de levée est de 50 $ sera en jeu.
À l’échéance – si le cours de l’action de XYZ est supérieur à 50,00 $
À l’échéance – si le cours de l’action de XYZ est inférieur à 50,00 $
En guise de conclusion, quelques remarques. Les investisseurs canadiens peuvent saisir ces formules dans le calculateur d’options pour mieux comprendre les concepts de parité des options vente-achat et constater à quel point les prix affichés correspondent presque exactement aux calculs.
Il est à noter que la position vendeur synthétique sur option de vente décrite ci-dessus est la même que la très courante option d’achat couverte!
*L’arbitrage est l’occasion de tirer profit des écarts de prix entre des instruments identiques ou similaires. Cette activité maintient l’alignement des prix de ces divers instruments.
Sur les marchés électroniques d’aujourd’hui, qui sont extrêmement efficients, le rôle d’assurer l’arbitrage revient principalement aux mainteneurs de marché, car ceux-ci disposent à la fois de la rapidité et des faibles coûts nécessaires afin de pouvoir tirer profit de minces écarts de prix.
CEO
Grigoletto Financial Consulting
Alan Grigoletto est le chef de la direction de la société Grigoletto Financial Consulting. Il est expert du développement des affaires auprès de particuliers et de groupes financiers d’élite. Il est l’auteur de plusieurs articles sur des questions financières d’intérêt pour les bourses canadiennes, les courtiers en placement et les communautés de conseillers en plus d’avoir écrit et publié du matériel éducatif destiné à des auditoires américains, italiens et canadiens. Il a déjà été vice-président de la société Options Clearing Corporation et responsable de la formation de The Options Industry Council (OIC). Avant son passage à l’OIC, M. Grigoletto a été vice-président principal du développement des affaires et du marketing à la Boston Options Exchange (BOX). Auparavant, il avait été associé fondateur de la société de conseils en placement de Chicago, Analytic Capital Management. Il compte plus de 35 années d’expérience dans les opérations boursières et les placements en tant que teneur de marché d’options, spécialiste des marchés boursiers, négociateur institutionnel, gestionnaire de portefeuille et éducateur. M. Grigoletto a précédemment été gestionnaire de portefeuille pour les portefeuilles S&P 500 et MidCap 400 de Hull Transaction Services, un fonds d’arbitrage neutre. Il possède un savoir-faire considérable dans la gestion du risque de portefeuille ainsi que de fortes capacités analytiques pour tout ce qui touche les actions et les instruments dérivés des actions (produits dérivés). M. Grigoletto est titulaire d’un diplôme en finances de l’Université de Miami et a été président du Conseil du STA Derivatives Committee. Par ailleurs, il est membre du comité directeur de la Futures Industry Association et il est régulièrement invité à titre de conférencier dans des universités, ainsi que par la Securities Exchange Commission, la CFTC, la US House Financial Services Committee et l’IRS.