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De stratégies, d’imprévus et de rajustements de positions sur options

Alan Grigoletto
6 septembre, 2016
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De stratégies, d’imprévus et de rajustements de positions sur options

Quiconque a déjà négocié en bourse sait pertinemment que même un plan bien ficelé peut mal tourner. Ainsi, avant de corriger le tir, un investisseur doit d’abord comprendre ce qui n’a pas fonctionné. Est-ce qu’il a toujours les mêmes prévisions qu’au départ et il a simplement manqué de temps ou est-ce qu’il a mal choisi sa stratégie dès le début? Il faut garder en tête que la fermeture complète d’une position ou la réduction de celle ci constitue toujours une solution valable.

Avant de remettre en question votre aptitude à négocier des options, sachez qu’être à même de gérer une position importe autant que d’établir des prévisions justes dès le départ. Certes, il est très gratifiant pour l’investisseur de voir ses prévisions initiales se concrétiser parfaitement, mais on peut affirmer sans crainte que toutes ses positions ne connaîtront pas un résultat aussi heureux. Par conséquent, un investisseur qui apprend à s’adapter à la conjoncture changeante des marchés améliore ses chances de réussir à long terme.

Les principes de base de la négociation et des placements veulent que l’investisseur soit conscient des pertes potentielles tout autant que des gains visés. Bien avant d’avoir enregistré une perte éventuelle, l’investisseur doit absolument avoir fixé son seuil à ne pas franchir et déterminé à quel moment il souhaite lâcher prise. En matière de rajustement de positions, il importe également de prévoir les fonds nécessaires pour effectuer une telle opération. Il existe de nombreuses raisons de rajuster une position sur options, mais les plus courantes consistent à éviter une assignation sur une position vendeur, à gagner du temps, à accroître ou à diminuer l’effet de levier, ou à rajuster le seuil de rentabilité global de la stratégie. Toutefois, dans la plupart des cas, il faut se rappeler qu’il s’agit de fermer la position initiale et d’enregistrer une perte, puis de chercher à récupérer une partie ou la totalité de cette perte en rajustant sa position selon un prix d’exercice majoré ou une date reportée.

 

Prenons l’exemple suivant :

Un investisseur prévoit une hausse du cours du titre XYZ, qui se négocie actuellement à 39 $. Il acquiert 10 contrats d’options d’achat au prix d’exercice de 40 $ venant à échéance en juillet, dans 60 jours, pour 1,35 $ (pour un total de 1 350 $). Le seuil de rentabilité s’élève à 41,35 $. À 22 jours de l’échéance, alors que le cours du titre n’a pratiquement pas bougé, les options d’achats au prix d’exercice de 40 $ venant à échéance en juillet se négocient à 0,65 $.

Position acheteur sur 10 contrats d’options au prix d’exercice de 40 $ venant à échéance en juillet, à 22 jours de la date d’échéance, contre une prime de 0,65 $

alan

 

L’investisseur maintient ses prévisions haussières, mais refuse d’injecter davantage de fonds pour reproduire la position initiale. Cependant, il lui faut plus de temps que prévu pour que ses prévisions initiales se réalisent. Il vend ses options d’achat et enregistre une perte de 700 $, puis utilise le produit de la vente (soit 650 $) pour acheter 5 options d’achat au prix d’exercice de 40 $ venant à échéance en août pour 650 $. Il établit donc une nouvelle position à coût nul, exclusion faite des commissions. De cette façon, l’investisseur conserve sa position acheteur et gagne du temps en vue de la réussite de sa stratégie haussière. Par ailleurs, il réduit son effet de levier global.

Position acheteur sur 5 options d’achat au prix d’exercice de 40 $ venant à échéance en août, dans 57 jours, contre une prime de 1,30 $ (pour un total de 650 $)
Report en août de l’échéance de juillet
Vente de 10 contrats d’options d’achat au prix d’exercice de 40 $ venant à
échéance en juillet contre une prime de 0,65 $ + 650 $
Achat de 5 contrats d’options d’achat au prix d’exercice de 40 $ venant à
échéance en août contre une prime de 1,30 $ – 650 $
0,00 $

 

Le nouveau seuil de rentabilité associé à la stratégie de report se situe à 41,30 $. Le calcul du nouveau seuil de rentabilité après le report d’une position existante est expliqué ci après.

– Prendre le montant net de l’investissement après le report (ce montant est le même que celui de la vente si le report est effectué à coût nul; il est inférieur s’il y a crédit net; supérieur, s’il y a débit net).
– Diviser ce montant par le nombre de contrats dans la nouvelle position.
– Diviser ce montant par le multiplicateur de 100 du contrat, puis ajouter le résultat au prix d’exercice de l’option.

 

Le calcul du seuil de rentabilité global à l’échéance, en tenant compte de la perte déjà enregistrée, est expliqué ci après.

– Diviser la perte déjà enregistrée (soit 700 $) par le produit du nombre de nouveaux contrats et du multiplicateur (5 × 100) pour obtenir le montant de la valorisation additionnelle désirée pour chaque option (soit 1,40 $).
– Ajouter cette valeur à celle du seuil de rentabilité (soit 41,30 $) de la nouvelle position.
– Le cours de l’action à l’échéance auquel l’investisseur pourrait combler sa perte antérieure est donc de 42,70 $.

 

Un autre exemple de rajustement de position implique l’établissement d’un prix d’exercice accru plutôt qu’un report dans le temps pour une position acheteur sur options d’achat. Dans ce cas, l’objectif consiste à accroître l’effet de levier et à se donner la possibilité d’augmenter ses gains par l’acquisition d’un nombre accru d’options d’achat.

Dans notre nouvel exemple, l’investisseur détient 5 options d’achat au prix d’exercice de 40 $ venant à échéance en août acquises contre une prime de 1,30 $ (pour un total de 650 $). À 42 jours de l’échéance, alors que le cours de l’action se situe à 41,50 $, l’investisseur vend les options d’achats au prix de 2,47 $ chacune (pour un total de 1 235 $) et il achète 7 options d’achat au prix d’exercice de 42 $ venant à échéance en août contre une prime de 1,43 $ (pour un total de 1 001 $). À ce moment, l’investisseur a concrétisé un gain de 234 $ tout en accroissant son effet de levier grâce à deux contrats supplémentaires. Un cours de l’action à 43,43 $ devient alors le nouveau seuil de rentabilité.

alan

 

Conclusion : Il y a autant de façons de rajuster des positions sur options qu’il y a d’objectifs et de seuils de tolérance au risque. Tout comme le navigateur à la barre de son voilier, l’investisseur doit savoir changer de cap en fonction de l’évolution de la situation devant lui. Or, les options offrent aux investisseurs de nombreuses manières de s’adapter à l’évolution de la conjoncture des marchés. Par ailleurs, il importe de noter que le report ou le rajustement d’une position n’offre aucune garantie quant à l’atteinte du résultat souhaité. Dans certains cas, vous pourriez accentuer les pertes enregistrées précédemment.

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Alan Grigoletto

CEO

Grigoletto Financial Consulting

Alan Grigoletto est le chef de la direction de la société Grigoletto Financial Consulting. Il est expert du développement des affaires auprès de particuliers et de groupes financiers d’élite. Il est l’auteur de plusieurs articles sur des questions financières d’intérêt pour les bourses canadiennes, les courtiers en placement et les communautés de conseillers en plus d’avoir écrit et publié du matériel éducatif destiné à des auditoires américains, italiens et canadiens. Il a déjà été vice-président de la société Options Clearing Corporation et responsable de la formation de The Options Industry Council (OIC). Avant son passage à l’OIC, M. Grigoletto a été vice-président principal du développement des affaires et du marketing à la Boston Options Exchange (BOX). Auparavant, il avait été associé fondateur de la société de conseils en placement de Chicago, Analytic Capital Management. Il compte plus de 35 années d’expérience dans les opérations boursières et les placements en tant que teneur de marché d’options, spécialiste des marchés boursiers, négociateur institutionnel, gestionnaire de portefeuille et éducateur. M. Grigoletto a précédemment été gestionnaire de portefeuille pour les portefeuilles S&P 500 et MidCap 400 de Hull Transaction Services, un fonds d’arbitrage neutre. Il possède un savoir-faire considérable dans la gestion du risque de portefeuille ainsi que de fortes capacités analytiques pour tout ce qui touche les actions et les instruments dérivés des actions (produits dérivés). M. Grigoletto est titulaire d’un diplôme en finances de l’Université de Miami et a été président du Conseil du STA Derivatives Committee. Par ailleurs, il est membre du comité directeur de la Futures Industry Association et il est régulièrement invité à titre de conférencier dans des universités, ainsi que par la Securities Exchange Commission, la CFTC, la US House Financial Services Committee et l’IRS.

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