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La vente d’options d’achat couvertes pour vendre des titres que l’on détient

Martin Noël
24 août, 2020
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La vente d’options d’achat couvertes pour vendre des titres que l’on détient

Vous êtes prêt à vendre des titres que vous détenez ou vous envisagez de le faire. Si vous adoptez la stratégie de vente d’options d’achat couvertes, c’est comme si l’on vous payait pour vous engager à vendre vos titres.

Le présent article est le deuxième d’une série de quatre qui portent sur la vente d’options d’achat couvertes. Nous y traiterons de l’utilisation de la stratégie en remplacement de la vente directe des titres sur le marché de la Bourse de Toronto.

 

Pour vendre ses actions

Une investisseuse désire vendre au cours des 30 prochains jours ses 100 actions XYZ à 35 $, alors qu’elles se négocient à 33 $. Selon son analyse, elle croit que le potentiel de hausse au-delà de 35 $ est limité et elle aimerait utiliser les liquidités ainsi générées pour acheter un autre titre qui a selon toute vraisemblance plus de potentiel.

 

Bourse de Toronto
Soumission d’un ordre valide 30 jours sur XYZ qui se négocie à 33 $
Vente de 100 actions XYZ à 35 $

 

L’investisseuse passe donc un ordre de vente à cours limite valide pendant 30 jours à la Bourse de Toronto pour vendre 100 actions XYZ à 35 $. Ce faisant, elle s’engage à vendre ses actions si à n’importe quel moment d’ici les 30 prochains jours le cours des actions XYZ atteint ou dépasse 35 $. Or, elle a récemment pris connaissance, lors d’un webinaire d’introduction aux options, que la vente d’une option d’achat obligeait le vendeur à vendre les actions sous-jacentes si le détenteur de l’option exerçait son droit d’achat. En contrepartie de cette obligation, le vendeur de l’option d’achat encaisse une prime qu’il conserve, peu importe que l’option d’achat soit levée ou non par le détenteur.

 

Bourse de Toronto Bourse de Montréal
Soumission d’un ordre valide 30 jours sur XYZ qui se négocie à 33 $ Soumission d’un ordre sur une option d’achat de XYZ échéant dans 30 jours et ayant un prix de levée de 35 $
Vente de 100 actions XYZ à 35 $ Vente de 1 option d’achat de XYZ au prix de levée de 35 $ à 1,00 $

 

L’investisseuse décide donc de passer un ordre de vente sur le marché de la Bourse de Montréal sur une d’option d’achat de XYZ venant à échéance dans 30 jours et ayant un prix de levée de 35 $ contre une prime de 1,00 $ par action pour un total de 100 $ (1,00 $ par action × 100 actions par contrat d’option). En échange des 100 $, elle s’engage à vendre ses actions à 35 $ si le détenteur de l’option d’achat lève celle-ci. Auquel cas, son prix de vente correspondra alors à 36 $ (prix de levée de 35 $ + prime de 1 $).

 

Tableau comparatif entre la vente directe des actions et la vente d’une option d’achat couverte
Cours de XYZ dans 30 jours Profit (rendement) de la vente des actions à la Bourse de Toronto Profit (rendement) de la stratégie de vente d’une option d’achat couverte à la Bourse de Montréal
38 $ 200 $ (ou 6 %) : [(35 $ – 33 $) × 100] 300 $ (ou 9 %) : [(35 $ – 33 $ + 1 $) × 100]
35 $ 200 $ (ou 6 %) : [(35 $ – 33 $) × 100] 300 $ (ou 9 %) : [(35 $ – 33 $ + 1 $) × 100]
33 $ 0 $ (ou 0 %) : [(33 $ – 33 $) × 100] 100 $ (ou 3 %) : [(33 $ – 33 $ + 1 $) × 100]
32 $ -100 $ (ou -3 %) : [(32 $ – 33 $) × 100] 0 $ (ou 0 %) : [(32 $ – 33 $ + 1 $) × 100]
30 $ -300 $ (ou -9 %) : [(30 $ – 33 $) × 100] -200 $ (ou -6 %) : [(30 $ – 33 $ + 1 $) × 100]

 

Dans tous les cas, comme nous le montre le tableau précédent, la vente de l’option d’achat couverte permet de générer un rendement supérieur à celui de la simple vente des actions sur le marché de la Bourse de Toronto. En effet, si le cours de XYZ dans 30 jours est supérieur ou égal à 35 $[1], l’investisseuse aura alors vendu ses actions à 35 $. Il en va de même dans le cas de l’option d’achat, puisqu’il sera alors dans l’intérêt du détenteur de lever celle-ci pour acheter les actions à un cours inférieur au marché. Il en résulte un profit de 200 $ ou de 6 % pour la vente simple des actions et un profit de 300 $ ou de 9 % pour la vente de l’option d’achat couverte. Dans le cas où le cours de XYZ demeure stable à 33 $ à l’issue de la période de 30 jours, en supposant qu’il n’ait pas dépassé 35 $ dans l’intervalle, l’investisseuse ne vendra pas ses actions sur le marché de la Bourse de Toronto ni par l’intermédiaire de l’option d’achat, puisqu’il ne sera pas dans l’intérêt du détenteur de l’option d’exercer son droit d’achat et de payer 35 $, alors qu’il peut acheter les actions à 33 $ directement sur le marché. Dans le cas d’une baisse du cours, la vente d’une option d’achat couverte permet d’abaisser le point d’équilibre à 32 $, alors que la vente simple des actions génère une perte de 100 $ ou de 3 %. Finalement, nous pouvons constater que, dans tous les scénarios de baisse du cours, la vente de l’option d’achat couverte permet de réduire la perte de 100 $. Cette différence provient de l’encaissement de la prime de 100 $ à la suite de la vente de l’option d’achat.

 

Conclusion

La stratégie de vente d’options d’achat couvertes peut servir à mettre en vente des titres si l’on croit que le potentiel de hausse de leur cours est réduit. En vendant un contrat d’option d’achat pour chaque tranche de 100 titres détenus, le vendeur des options encaisse une prime qu’il conservera, peu importe que le détenteur des options d’achat lève celles-ci ou non. En contrepartie de cette prime, le vendeur s’engage à vendre ses titres au prix de levée convenu si le détenteur des options exerce son droit d’achat. Si les options ne sont pas levées avant leur échéance, le détenteur des titres pourra vendre d’autres options d’achat couvertes s’il le souhaite toujours. Dans le prochain article, nous traiterons de la génération de revenus de manière ponctuelle ou systématique à l’aide de la vente d’options d’achat couvertes.

Avant de commencer à utiliser les stratégies mentionnées dans le présent article, nous vous suggérons de les mettre à l’essai dans le simulateur de négociation de la Bourse de Montréal.

Bonne négociation et bonne semaine!

 

Les stratégies décrites dans le présent blogue ne sont présentées qu’à des fins d’information et de formation. Elles ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations d’acheter ou de vendre quelque valeur mobilière que ce soit. Comme toujours, avant de mettre en œuvre des stratégies sur options, assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêt à en assumer tous les risques.

[1] Pour que la vente des actions soit assurée à 35 $ sur le marché de la Bourse de Toronto ou de la Bourse de Montréal, il faudrait que leur cours atteigne 35,01 $. Pour les besoins du présent article, nous présumons que les actions seront vendues sur le marché de la Bourse de Toronto dans le premier cas et que le détenteur de l’option d’achat lèvera celle-ci dans le deuxième cas.

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

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