Concepts
2

La vente d’options d’achat couvertes : une introduction

Martin Noël
17 août, 2020
3811 Lectures
0 Commentaires
Lecture en 11 minutes
La vente d’options d’achat couvertes : une introduction

Vous voulez commencer à utiliser les options, mais vous ne savez pas quelle stratégie mettre en œuvre. Sachez que la stratégie la plus simple et la plus populaire auprès des investisseurs particuliers et institutionnels est sans contredit la vente d’options d’achat couvertes.

 

Le présent article est le premier d’une série de quatre qui portent sur la vente d’options d’achat couvertes. Nous y traiterons des caractéristiques de base de la stratégie et des raisons pour lesquelles on l’utilise. Dans le deuxième article, nous nous pencherons sur l’utilisation de la stratégie pour la vente de titres que l’on détient. Dans le troisième, nous aborderons l’emploi de la stratégie aux fins de la génération de revenus. Finalement, dans le quatrième article, nous verrons quels sont les points à prendre en considération lors de la mise en œuvre de la stratégie.

 

Qu’est-ce que la vente d’options d’achat couvertes?

Les obligations du vendeur des options d’achat

Le vendeur d’une option d’achat contracte l’obligation de vendre 100 unités du titre sous-jacent (par exemple, une action) au prix de levée si le détenteur lève l’option avant son échéance. En contrepartie de cette obligation, il encaisse une prime payée par l’acheteur.

La vente d’options d’achat couvertes est une stratégie qui consiste à vendre un contrat d’option d’achat pour chaque tranche de 100 titres (des actions d’une société ou des parts d’un fonds négocié en bourse) détenus dans un portefeuille. En vendant les options d’achat, l’investisseur encaisse une prime qui, en cas de baisse du cours du titre sous-jacent, lui procure une protection équivalant à la prime reçue. Cette prime réduit du même montant le coût d’acquisition du titre. En échange de ces avantages, l’investisseur s’engage à vendre son titre au prix de levée (ou prix d’exercice) si le détenteur des options d’achat décide de lever celles-ci. Par conséquent, l’investisseur consent à ne profiter d’aucune hausse du cours du titre au-delà du prix de levée, et ce, jusqu’à la date d’échéance des options d’achat.

 

Pourquoi recourir à la vente d’options d’achat couvertes?

La vente d’options d’achat couvertes est une stratégie que l’on met en œuvre pour trois principales raisons. La première consiste à acquérir une protection lorsque l’on anticipe une baisse de cours modérée. La deuxième consiste à vendre des titres que l’on détient. La troisième consiste à générer des revenus supplémentaires de manière ponctuelle ou systématique.

 

Le profil de rendement de la vente d’options d’achat couvertes

Exemple de vente d’options d’achat couvertes
Achat de 100 actions ABC à 65 $
Vente de 1 option d’achat sur ABC au prix de levée de 67 $ à 1,50 $

Dans l’exemple suivant, un investisseur exécute la stratégie de vente d’options d’achat couvertes en achetant 100 actions ABC à 65 $ et en vendant 1 option d’achat portant sur ABC et ayant un prix de levée de 67 $ à 1,50 $. La prime totale qu’il encaisse s’élève à 150 $ par contrat d’option (1,50 $ par action × 100 actions par contrat d’option). En contrepartie, l’investisseur s’engage à vendre les 100 actions au prix de 67 $ si le détenteur de l’option d’achat lève celle-ci.

 

La vente d’options d’achat couvertes

Profit maximal
Le profit maximal de 350 $ de la stratégie correspond au prix de levée de 67 $, moins le prix de l’action de 65 $, plus la prime reçue de 1,50 $, pour un total de 3,50 $ par action, le tout multiplié par 100 actions (par contrat d’option).

Point d’équilibre
Le point d’équilibre de 63,50 $ correspond au prix de l’action de 65 $, moins la prime reçue de 1,50 $.

 

Perte maximale

La perte maximale de la stratégie est très importante, mais le risque n’est pas supérieur à celui du simple achat des actions. Le risque maximal par action correspond au point d’équilibre de 63,50 $ que nous venons de calculer, alors qu’il est de 65 $ par action pour le simple achat des actions. Nous pouvons donc constater que la vente d’options d’achat couvertes comporte un risque légèrement inférieur au simple achat des actions. La protection obtenue correspond à la prime reçue, soit 1,50 $ par action.

 

Le niveau de protection

Comme nous venons de le mentionner, la vente d’options d’achat permet d’encaisser une prime qui réduit le coût d’acquisition des actions sous-jacentes. La valeur de la prime offre donc une légère protection en cas de baisse du cours des actions. Un investisseur qui anticipe une baisse du cours d’une action doit donc évaluer l’ampleur de cette baisse potentielle avant de prendre une décision. S’il évalue que la baisse sera très importante, peut-être ferait-il mieux de vendre tout simplement ses actions. Cependant, en cas d’anticipation d’une baisse modérée ou de la stabilité du cours sur une période plus ou moins longue, la vente d’options d’achat couvertes peut permettre à un investisseur de réduire en tout ou en partie l’incidence de cette baisse. C’est le choix du prix de levée[1] qui fera foi de tout. Pour une protection accrue, l’investisseur pourra choisir un prix de levée inférieur au cours du titre sous-jacent. On dira alors de l’option d’achat qu’elle est « en jeu ». Plus l’option d’achat sera en jeu, plus la prime sera élevée et, par conséquent, plus la protection le sera également.

 

Conclusion

Lorsque l’on exécute la vente d’options d’achat couvertes, il est important de comprendre le contexte du marché dans lequel on se trouve. Dans un marché fortement haussier, cette stratégie a tendance à générer un rendement inférieur à celui de la simple acquisition des actions, puisque le profit maximal est limité par le prix de levée des options d’achat vendues. Le rendement de la stratégie dépend donc de notre capacité à bien évaluer la situation du marché. C’est d’ailleurs le cas pour chacun de nos investissements. Le contexte idéal pour l’exécution de la stratégie est lorsque l’on anticipe que le cours du titre sous-jacent stagnera ou qu’il fléchira légèrement pendant un certain temps. L’objectif étant que les options d’achat vendues viennent à échéance sans valeur. Dans un tel cas, si nos anticipations sont toujours les mêmes, nous pourrons vendre de nouveau des options d’achat qui diminueront davantage le coût d’acquisition du titre sous-jacent. Dans le prochain article, nous verrons comment mettre en œuvre la stratégie dans le but de vendre des titres que l’on détient.

 

Avant de commencer à utiliser les stratégies mentionnées dans le présent article, nous vous suggérons de les mettre à l’essai dans le simulateur de négociation de la Bourse de Montréal.

Bonne négociation et bonne semaine!

 

Les stratégies décrites dans le présent blogue ne sont présentées qu’à des fins d’information et de formation. Elles ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations d’acheter ou de vendre quelque valeur mobilière que ce soit. Comme toujours, avant de mettre en œuvre des stratégies sur options, assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêt à en assumer tous les risques.

[1] Nous traiterons du choix du prix de levée de manière plus approfondie dans le quatrième article.

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

410 articles
0 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Défiler vers le haut