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Les risques du contexte actuel de faible volatilité des marchés

Patrick Ceresna
1 février, 2018
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Les risques du contexte actuel de faible volatilité des marchés

Au cours de la dernière année, nous avons assisté à une période surprenante de faible volatilité qui augmente vraisemblablement le risque de liquidité du marché alors qu’une période de normalisation commence. La Revue du système financier de novembre 2017 de la Banque du Canada met ce risque en évidence. Dans son Évaluation des vulnérabilités et des risques, la Banque du Canada traite des principales stratégies suivies dans un contexte de faible volatilité des marchés. Le rapport suggère qu’« il est possible que l’évaluation des risques […] soit en phase avec les facteurs fondamentaux », mais qu’il est aussi possible qu’elle ne le soit pas. Il indique que, dans le second cas, « les investisseurs pourraient être amenés à s’exposer de manière excessive à des actifs risqués […] en ayant recours au levier financier. »  Le rapport fait état de la popularité croissante des positions vendeur sur les contrats à terme sur l’indice VIX, laquelle « donne à penser que les attentes des investisseurs quant à un climat de faible volatilité persistante sont devenues […] ancrées. »

Source : Revue du système financier, Banque du Canada, novembre 2017.

Cette tendance est assez importante pour avoir une incidence sur les marchés si un catalyseur devait rétablir la volatilité à son niveau normal historique. On évalue à environ deux billions de dollars  la valeur des opérations portant sur des stratégies liées à la volatilité et sur la vente à découvert de produits volatils. Dans son rapport, la Banque du Canada fait notamment mention des stratégies axées sur la parité des risques. Si vous ne connaissez pas les fonds ciblant un certain niveau de volatilité, sachez qu’ils cherchent souvent à rééquilibrer la répartition des actifs d’un portefeuille suivant un niveau de risque précis au moyen d’un effet de levier. La faible volatilité actuelle a essentiellement contribué à augmenter le levier des actifs ainsi gérés. De nombreux analystes s’appuyant sur les données quantitatives ont posé ouvertement la question : le marché sera-t-il suffisamment liquide pour que tous les fonds puissent dénouer leurs positions lorsqu’ils seront forcés de vendre afin de rééquilibrer le risque? Cela demeure l’une des plus grandes menaces connues à peser sur le marché haussier bien établi.

À l’émission balado MacroVoices, on a eu l’occasion d’inviter Chris Cole, d’Artemis Capital, pour discuter de ces déséquilibres. Il explique son point de vue selon lequel les positions vendeur axées sur la volatilité ne se limitent pas à celles qui portent explicitement sur le VIX, étant en fait beaucoup plus nombreuses.   Selon lui, outre les positions vendeur implicitement axées sur la volatilité, lesquelles totalisent près de 2 billions de dollars, le phénomène est exacerbé par les rachats d’actions des sociétés. Ceux-ci ont sans aucun doute contribué à gonfler cette valeur de 3,8 billions de dollars provenant d’acheteurs peu sensibles aux cours (depuis 2009) qui ont systématiquement acheté des titres lors de fléchissements des cours, éliminant la volatilité globale.

 

Quel est le problème?

Selon Chris, cela s’explique en partie par la prévision du maintien d’une faible volatilité ou d’une faible volatilité réalisée sur les marchés et il en résulte ces positions vendeur implicitement axées sur le gamma.

Ces positions vendeur axées sur le gamma pourraient sans doute forcer les fonds employant des stratégies axées sur la parité des risques et sur la gestion de la volatilité à réduire l’effet de levier à hauteur de 500 milliards de dollars si une correction boursière devait causer une baisse de 5 % et que la volatilité implicite augmentait de 50 % ou plus.

 

Est-il assuré que cela se produira? Non. Est-ce un risque? Absolument.  

Quelle est l’incidence sur nous au Canada?

Les marchés boursiers canadiens sont en forte corrélation avec les marchés mondiaux, particulièrement avec les marchés américains. Le risque systématique pourrait avoir un effet contagieux, rendant indirectement les marchés canadiens vulnérables. Pour voir cette corrélation, observez comment le VIX américain et le VIXC canadien se recoupent .

Que faire? Je continue de recommander aux investisseurs qui ont tiré profit de la forte progression du marché haussier d’envisager l’acquisition d’une assurance pour leur portefeuille sous la forme d’options de vente de protection. Bien que les marchés ne soient plus au faible niveau de volatilité des mois de novembre et de décembre, le VIXC se situe encore dans la fourchette de 2017.

Pour illustrer l’achat idéal d’une protection, prenons l’exemple du fonds négocié en bourse (FNB) canadien iShares S&P/TSX 60 Index ETF (XIU). Le cours des parts du FNB a connu une hausse de 10 % de son creux de 22,00 $ en septembre 2017 à son pic de près de 24,50 $ à la fin décembre 2017. Alors que le cours est actuellement de 23,82 $ (au 30 janvier 2018), un investisseur débourserait un montant très raisonnable de 0,17 $ par action, ou 17,00 $ par contrat, pour couvrir entièrement une position de 2 300,00 $ contre le risque de chute du cours sous 23,00 $ jusqu’à l’échéance de mars 2018 (volatilité implicite de 13,50 %). Bien sûr, chaque investisseur procède à sa façon. En ce qui me concerne, je n’hésite jamais à utiliser une part de mes profits pour me couvrir contre le risque et réduire l’exposition de mes comptes à la volatilité.

 

 

 

 

 

Patrick Ceresna
Patrick Ceresna http://www.bigpicturetrading.com

Gestionnaire spécialisé en produits dérivés

Big Picture Trading Inc.

Patrick Ceresna est le fondateur et le conseiller en chef en matière de stratégies boursières de Big Picture Trading. Il est aussi coanimateur des balados MacroVoices et Market Huddle. Il détient les titres de Chartered Market Technician (technicien agréé du marché), de gestionnaire spécialisé en produits dérivés et de gestionnaire de placements agréé. En plus de ses fonctions à Big Picture Trading, M. Ceresna offre une formation sur les produits dérivés de la Bourse de Montréal, membre du Groupe TMX. La formation, qui s’adresse aux investisseurs et aux professionnels en placement de partout au Canada, porte sur les nombreuses fonctions utiles des options à l’intérieur d’un portefeuille de placements. Patrick se spécialise dans l’analyse des conditions macroéconomiques du marché mondial et dans la manière de convertir ces dernières en occasions de placement et de négociation concrètes. Sa connaissance avancée de l’analyse technique lui permet d’établir des liens entre les différents thèmes macroéconomiques dans le but de suggérer des stratégies de négociation à mettre en œuvre. Fort de solides connaissances en négociation d’options, il recherche des occasions de placement à profil de risque et de rendement asymétrique qui permettent de tirer avantage des rendements, tout en cernant et en gérant le risque ou en générant des revenus accrus et stables. Patrick a conçu et il enseigne activement les programmes de maître offerts par Big Picture Trading sur les aspects techniques de la négociation, la négociation d’options et la macroéconomie. Il fournit également aux membres le contenu des webinaires quotidiens d’analyse du marché en direct, des services d’alerte et des modèles de portefeuille.

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