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À la recherche d’une obligation de substitution?

Richard Croft
13 février, 2017
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À la recherche d’une obligation de substitution?

Si l’ensemble du marché semble avoir été dynamisé par la victoire de M. Trump, toutes les valeurs ne sont pas logées à la même enseigne. Prenons par exemple le titre de la société BCE Inc. (TSX : BCE) qui a clôturé à 58,28 $ vendredi dernier après avoir atteint des sommets en août 2016 à plus de 63 $.

 

Si cette situation a de quoi déprimer un investisseur tourné vers la croissance, d’autres estiment que la société fait figure de valeur sûre sur les marchés canadiens. En effet, la société possède d’importants flux de trésorerie et son équipe de direction est résolue à redonner aux actionnaires. Depuis la crise financière, les dividendes trimestriels de BCE ont été relevés 12 fois. La dernière hausse opérée en janvier a vu le dividende par action payable en avril passer à 0,7175 $.

 

Au vu de ces hausses successives, les investisseurs devraient trouver le titre de BCE plus intéressant que les obligations pour leur portefeuille. Une option qui n’est pas si farfelue.

 

Il ne faut pas oublier qu’avant la crise financière, l’avenir de BCE était en jeu. Le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (OTPP) souhaitait en effet utiliser les flux de trésorerie des activités poursuivies pour financer le passif découlant du régime de retraite : un vrai revenu fixe alternatif! Le projet tomba à l’eau lorsque deux fonds de couverture associés au OTPP furent submergés par un flot de demandes de rachat au plus fort de la crise. Les actions du capital ne purent être utilisées par les fonds pour transformer BCE en société fermée.

 

Mais laissons le passé au passé. Dans le contexte actuel, il est recevable d’avancer que ce qui est mauvais pour les obligations l’est probablement pour BCE. C’est vrai jusqu’à un certain point. Nous savons avec certitude qu’une hausse des taux d’intérêt entraînerait les prix des obligations vers le bas. Comme dans un système à bascule, les prix des obligations sont inversement proportionnels aux taux d’intérêt fixes des instruments financiers.

 

Pour BCE, le rapport entre une hausse des taux et un prix faible des actions n’est pas aussi évident. Par exemple, le rendement des actions de BCE est amplement supérieur au taux versé par les obligations de sociétés de dix ans, soit 4,92 % au vu de la dernière hausse de dividende. De plus, la variabilité observée dans les flux de trésorerie de la société renvoie à la stratégie haussière continue du dividende menée par l’équipe de direction. Nous sommes dès lors très loin des taux d’intérêt fixes payables sur les obligations. Enfin, ce qu’il faut réellement retenir derrière une probable hausse des taux d’intérêt, c’est la normalisation de l’économie : c’est-à-dire plus de croissance et probablement une hausse de l’inflation. Ainsi, toute hausse de la croissance aura des effets positifs pour BCE. Et même si une hausse de l’inflation n’est pas souhaitable, elle serait bénéfique pour la société.

 

Nous avons là une société qui, je pense, aurait sa place dans un portefeuille à titre d’obligation de substitution. Si l’équipe de direction suit la tendance observée ces dernières années, une nouvelle hausse du dividende n’est pas à exclure cette année. Un investisseur pourrait envisager une hausse des flux de trésorerie par l’intermédiaire des dividendes trimestriels grâce à la vente d’options d’achat couvertes de BCE.

 

À un prix imaginaire de 1,80 $ par option d’achat échéant en janvier et ayant un prix de levée de 59 $, l’investisseur pourrait recevoir l’équivalent d’un cinquième dividende sur l’année. De quoi s’offrir un peu de protection et augmenter le rendement total de la position. Le rendement à l’échéance sur les onze prochains mois atteindrait 8,01 %, en supposant que le cours de l’action demeure à son niveau actuel. En exerçant un prix de levée à 59 $ en janvier 2018, le rendement bondirait à 9,25 % tandis que la prime encaissée atténuerait l’exposition au risque de baisse du cours à 56,48 $. Pas mal pour une obligation de substitution.

 

Richard Croft
Richard Croft http://www.croftgroup.com/

Président et gestionnaire de portefeuille

Croft Financial Group

Richard Croft est actif dans le secteur des valeurs mobilières depuis 1975. Depuis février 1993, M. Croft est conseiller en placement et gestionnaire de portefeuille agréé et exerce ses activités sous le parapluie de la société R. N. Croft Financial Group Inc. Richard Croft a beaucoup écrit sur l’utilisation des actions individuelles, des fonds communs de placement et des fonds négociés en bourse à l’intérieur d’un portefeuille modèle. Il est notamment l’auteur de neuf livres et de milliers d’articles et commentaires publiés dans les grands médias canadiens. En 1998, il a développé en collaboration avec d’autres trois « indices FPX » (indices du Financial Post) destinés à l’investisseur canadien moyen. En 2004, il a élargi le concept et développé trois indices de portefeuille « RealWorld », qui sont des indicateurs du rendement des indices FPX après correction en fonction des coûts réels. Il a aussi développé deux indices d’options pour la Bourse de Montréal et la méthodologie « FundLine », une interprétation graphique de la diversification des portefeuilles. Richard Croft a aussi développé un indice de la valeur ajoutée par le gestionnaire qui permet de noter le rendement des différents gestionnaires de fonds en fonction du risque par rapport à un indice de référence. En 1999, il a codéveloppé un système de gestion de portefeuille pour la société Charles Schwab Canada. À titre de gestionnaire de portefeuille de calibre mondial qui met l’accent sur le rendement ajusté en fonction du risque, Richard Croft estime que le rendement ne veut rien dire si on ne sait pas comment il a été obtenu.

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