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L’université des options sur devises – Partie 1

Patrick Ceresna
20 juin, 2019
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L’université des options sur devises – Partie 1

Partie 1 : Bienvenue dans l’univers des devises

Il est très fréquent pour les épargnants canadiens d’investir dans des titres de participation américains. Cependant, bien peu d’investisseurs individuels comprennent l’incidence que la fluctuation des taux des devises peut avoir sur le rendement de leurs placements. La plupart du temps, les investisseurs regardent la fluctuation du cours de leurs avoirs en supposant une valeur constante de la devise – par exemple, le cours de mes actions de XYZ a progressé de 1,00 $.

La fluctuation des devises a réellement une incidence sur le rendement de vos placements! 

Il existe des moyens pour les investisseurs de gérer ce risque de change. De manière à rendre justice à ce sujet fort intéressant, nous vous proposons d’aborder différents aspects de cette question dans une série d’articles intitulée « L’université des options sur devises ». Ces articles porteront sur le risque de change auquel font face les Canadiens dans le cadre de leurs opérations en dollars canadiens et américains, ainsi que les stratégies d’options qu’ils peuvent utiliser pour gérer ce risque.

Dans cette première partie, nous nous pencherons sur les moteurs macroéconomiques du dollar canadien.

Banques centrales et politique monétaire

L’un des plus importants moteurs des tendances relatives aux devises est sans doute les politiques monétaires dictées par les banques centrales. C’est doublement vrai pour les Canadiens, qui sont non seulement touchés par les politiques de la Banque du Canada, mais aussi par celles de la Réserve fédérale américaine.

Face à son voisin du sud, la Banque du Canada progresse prudemment, comme un funambule sur son fil. Il y a une forte corrélation entre les taux d’intérêt au Canada et ceux établis aux États-Unis, et l’on note en général des divergences seulement en cas de disparités économiques importantes.

FIGURE 1

Superposition des taux de rendement sur deux ans au Canada et aux États-Unis

Source : tradingview.com

La politique de taux d’intérêt de la banque centrale est axée directement sur les taux d’intérêt directeurs à un jour; cependant, le rendement sur deux ans illustre bien la corrélation entre les taux d’intérêt des deux pays. La Banque du Canada se doit de se concentrer sur les besoins économiques canadiens. Elle doit toutefois aussi trouver l’équilibre entre ces besoins et la nécessité de stabiliser la valeur de sa devise face à celle de son partenaire commercial principal.

Dans la prise en compte de la Réserve fédérale américaine, il est important de se rappeler que le dollar américain demeure la devise de la réserve mondiale et la première monnaie commerciale internationale. Le dollar américain influe sur les tendances dans le secteur des marchandises, sur le flux monétaire dans les marchés émergents et sur le montant d’argent disponible pour les transactions commerciales à l’échelle mondiale, par le biais de relations intermarchés.

Cela a une incidence importante sur le Canada et le dollar canadien puisque le resserrement des conditions de crédit aux États-Unis entraîne souvent un ralentissement de la croissance économique mondiale ainsi qu’un affaiblissement du secteur des marchandises. Ce phénomène s’avère souvent un facteur d’influence de premier plan pour le dollar canadien.

  1. Impact politique

L’évolution de la situation politique dans un pays peut également ajouter des variables en ce qui concerne le cours des devises. Comme les tendances des devises se rapportent au flux monétaire, un changement du portrait politique peut créer de l’incertitude chez les investisseurs. Au Canada, une de ces incertitudes découle de l’entente relative à l’ALENA1 et à l’ACEUM2, qui le remplacera sous peu. De nombreuses sociétés internationales qui s’établissent au Canada se fient à la stabilité des accords commerciaux conclus avec les États-Unis comme facteur décisif en ce qui concerne l’attrait d’investir au pays.

  1. Données économiques

La force ou la faiblesse de l’économie joue un rôle dans l’évolution des monnaies. Les données économiques mensuelles les plus suivies sont le produit intérieur brut (PIB), le taux de chômage, l’inflation et les ventes au détail. Les Canadiens font toutefois face à un bien plus grand problème. Il s’agit du taux d’endettement des foyers canadiens. C’est un sujet qui fait l’objet de discussions depuis plusieurs années, sans avoir eu un impact important à court terme. Cependant, le ralentissement enregistré dans le secteur immobilier canadien amène de nombreuses personnes à se demander s’il faut envisager par conséquent une réduction de l’effet de levier pour les ménages, ce qui augmenterait certainement le risque d’une contraction de la croissance économique. La pression sur le dollar canadien augmentera donc encore davantage si le pays connaît un ralentissement économique qui ne touche pas son voisin américain.

  1. Flux de capitaux et investissement étranger

Le Canada est un pays riche en ressources naturelles. Par conséquent, son économie est assujettie à une exposition disproportionnée aux marchés des ressources naturelles. La composante la plus notable de cette économie riche en ressources naturelles est indéniablement l’énergie, quoique les mines, le bois et l’agriculture en demeurent des éléments importants. Lorsque l’économie mondiale est en pleine croissance et que l’intérêt pour l’investissement dans des projets d’énergie est vif à l’échelle mondiale, bien peu de pays sont en aussi bonne posture politique que le Canada. La cyclicité du dollar canadien est accrue par cet état des choses puisque des marchés des ressources naturelles en expansion entraînent une augmentation des flux de capitaux et des investissements étrangers, qui à leur tour renforcent la monnaie. À l’inverse, pendant les périodes de ralentissement économique, la pression s’accentue sur la devise.

Conclusion

Le dollar canadien est volatil et a une incidence importante sur le rendement des placements d’un épargnant. Dans la partie 2 de notre série d’articles, nous aborderons l’impact des fluctuations de devises sur le rendement des portefeuilles. Nous présenterons ensuite les solutions de couverture de ces risques, plus particulièrement grâce aux options sur devises. Entre temps, vous pouvez visiter la page des spécifications relatives aux options sur le dollar américain (USX) de la Bourse de Montréal ici.

1. ALENA : Accord de libre-échange nord-américain
2. ACEUM : Accord Canada–États-Unis–Mexique

 

Les stratégies présentées dans le cadre de cette chronique ne le sont qu’à titre d’information et de formation et ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations pour acheter ou vendre toutes valeurs mobilières. Comme toujours, avant de mettre en place des stratégies d’options assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêts à en assumer tous les risques.

Patrick Ceresna
Patrick Ceresna http://www.bigpicturetrading.com

Gestionnaire spécialisé en produits dérivés

Big Picture Trading Inc.

Patrick Ceresna est le fondateur et le conseiller en chef en matière de stratégies boursières de Big Picture Trading. Il est aussi coanimateur des balados MacroVoices et Market Huddle. Il détient les titres de Chartered Market Technician (technicien agréé du marché), de gestionnaire spécialisé en produits dérivés et de gestionnaire de placements agréé. En plus de ses fonctions à Big Picture Trading, M. Ceresna offre une formation sur les produits dérivés de la Bourse de Montréal, membre du Groupe TMX. La formation, qui s’adresse aux investisseurs et aux professionnels en placement de partout au Canada, porte sur les nombreuses fonctions utiles des options à l’intérieur d’un portefeuille de placements. Patrick se spécialise dans l’analyse des conditions macroéconomiques du marché mondial et dans la manière de convertir ces dernières en occasions de placement et de négociation concrètes. Sa connaissance avancée de l’analyse technique lui permet d’établir des liens entre les différents thèmes macroéconomiques dans le but de suggérer des stratégies de négociation à mettre en œuvre. Fort de solides connaissances en négociation d’options, il recherche des occasions de placement à profil de risque et de rendement asymétrique qui permettent de tirer avantage des rendements, tout en cernant et en gérant le risque ou en générant des revenus accrus et stables. Patrick a conçu et il enseigne activement les programmes de maître offerts par Big Picture Trading sur les aspects techniques de la négociation, la négociation d’options et la macroéconomie. Il fournit également aux membres le contenu des webinaires quotidiens d’analyse du marché en direct, des services d’alerte et des modèles de portefeuille.

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