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Quand les bons titres sont mis à mal

Jason Ayres
31 octobre, 2016
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Quand les bons titres sont mis à mal

Il arrive fréquemment que de bons titres fassent les frais d’un marché imprévisible. Bien souvent, qu’importe que ce soit le fruit d’une rumeur qui circule à propos d’une entreprise ou la surprise d’une cible de résultats manquée, un bon titre fondamentalement solide sera mis à mal par les investisseurs qui, affolés, se ruent vers la porte de sortie. De même, il arrive parfois qu’on se rende compte qu’on a raté le bon moment pour profiter d’une belle occasion et qu’on ne soit pas disposé à suivre la dernière tendance du marché.

Si vous avez en vue un titre qui se trouve dans l’une de ces situations, le simple fait d’avoir quelques notions sur le marché des options vous ouvrira un nouveau champ de possibilités.

Les négociateurs d’options savent que si la direction du cours d’une action devient incertaine, les primes des options augmentent.

Le principe est le même que pour l’assurance automobile. Même si votre dossier de conducteur est impeccable, il suffit d’un feu rouge grillé ou d’un excès de vitesse pour que vos primes augmentent. Peu importe que vous n’ayez causé ni accident ni dommages : comme votre comportement vous fait passer dans une catégorie de risque plus élevée, votre courtier augmentera vos primes afin de tenir compte du risque accru qu’il encourt.

Prenons par exemple Mines Agnico Eagle (TSX : AEM). Sans lancer une discussion sur la direction que prendra le cours de l’or ou sur la valeur fondamentale de cette société, on constate que le cours de cette action a remonté très fortement jusqu’à 77,50 $ cette année, mais qu’il a ensuite fondu de près de 25 %, un de ses récents creux se situant à 57 $.

Conformément aux principes du marché des options, la vente des actions d’AEM a fait bondir la volatilité implicite, qui est incorporée dans la prime des options. La volatilité implicite renvoie à la prime de risque qui vient s’ajouter au contrat d’options en temps de préoccupations et d’incertitude.

Si un investisseur cherche à acheter les actions d’AEM au rabais, cela constitue une occasion intéressante.

Le 14 octobre 2016, le titre AEM oscillait autour de 60,00 $, et les options de vente ayant une échéance en novembre et un prix de levée de 60 $ se négociaient à 3,25 $ par action.

En tant que vendeurs d’options de vente, nous sommes rémunérés en contrepartie de l’obligation d’acheter les actions d’AEM au prix prévu par le contrat. Dans le cas présent, nous vendrions le contrat, ce qui nous permettrait de toucher 3,25 $ par action en contrepartie de l’obligation d’acheter les actions au prix de 60,00 $ jusqu’à l’échéance du contrat (soit le 18 novembre 2016). Il est à noter que nous aurions l’obligation d’acheter 100 actions pour chaque contrat d’options de vente vendu.

État des lieux

Si, à l’échéance, le cours des actions d’AEM est supérieur à 60,00 $, les options de vente dont le prix de levée est de 60 $ n’auront alors aucune valeur, et nous pourrons garder la prime. Nous serions alors affranchis de l’obligation d’acheter les actions. Le rendement réalisé serait de 5,41 % en à peine plus d’un mois.

Si, à l’échéance, le cours des actions est égal ou inférieur à 60,00 $, on nous demandera de remplir notre obligation d’acheter les actions à 60 $, peu importe la faiblesse de leur cours à ce moment. N’oublions cependant pas que nous avons reçu une prime de 3,25 $ en contrepartie de cette obligation et que nous gardons cette prime même si l’option est levée.

Comme le prix d’achat des actions est de 60,00 $ et que la prime reçue s’élève à 3,25 $, le prix d’achat moyen de nos actions est réduit à 56,75 $. Ce prix est inférieur d’un peu plus de 5 % à celui que nous aurions payé si nous avions simplement acheté les actions au cours de 60,00 $.

Se faire payer pour attendre

Une fois l’option de vente vendue, l’objectif est d’attendre sans rien faire jusqu’à l’échéance. Si l’option vient à échéance, nous pouvons appliquer de nouveau la stratégie en vendant une option de vente à un prix de levée différent si nous sommes prêts à acheter les actions à leur nouveau cours.

Cette stratégie vise à améliorer les rentrées de fonds du portefeuille tout en essayant d’acquérir les actions à prix réduit. Si l’option est levée et qu’il faut acheter les actions, il s’agira alors d’essayer de profiter d’une remontée du cours du titre et d’améliorer les rentrées d’argent du portefeuille par la vente d’options d’achat couvertes.

Suivi

Au moment d’écrire ces lignes, soit le 26 octobre, l’action d’AEM se négocie à 64,50 $. Chaque contrat d’options de vente vendue vaut maintenant 0,99 $.

Les mesures suivantes pourraient être prises :

  • Il serait possible de racheter les options de vente à profit, puis d’attendre un autre recul du titre pour vendre de nouveau des options.
  • Il serait possible de racheter les options de vente et de prendre une nouvelle position vendeur en fonction de la situation du marché et des prévisions.
  • La position pourrait être conservée jusqu’à son échéance, après quoi elle n’aura plus aucune valeur.
  • Les actions pourraient descendre sous la barre des 60 $ : les options seraient levées, ce qui nous obligerait à acheter les actions.

La vente d’options de vente dans l’intention d’acheter les actions est l’une des nombreuses possibilités qu’offrent les options aux investisseurs. Cette stratégie ne conviendra peut-être pas à toutes les occasions, mais il est toujours bon d’avoir plusieurs choix quand vient le temps d’évaluer l’ajout d’une position à son portefeuille.

 

Jason Ayres
Jason Ayres http://www.croftgroup.com/

CEO and Director of Business Development

R.N. Croft Financial Group

Jason est chef de la direction et directeur du développement des affaires de R. N. Croft Financial Group. Il est également membre du comité d'examen des placements de Croft et il détient le titre de gestionnaire spécialiste en produits dérivés. De plus, il est consultant en formation pour le compte de Learn-To-Trade.com ainsi qu’instructeur à la Bourse de Montréal du Groupe TMX.

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