Stratégies perspective haussière
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Réagir à une pente glissante

Jason Ayres
27 novembre, 2018
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Réagir à une pente glissante

Alors que j’entame la rédaction du présent article, le pétrole est passé abruptement d’un sommet à un creux (s’agit-il d’un creux? peut-être), chutant de 30 % par rapport au sommet de cette année.

 

Qu’est-ce qui avait porté son cours à la hausse?

La réponse la plus courante est la possibilité de sanctions américaines imposées à l’Iran,  qui avait donné naissance à de grandes craintes de pénurie. Les acteurs du marché craignant une pénurie de pétrole, ils se sont précipités sur les contrats à terme sur le pétrole et ont accueilli favorablement la hausse de production en Arabie saoudite et en Russie. Les analystes se demandaient si l’augmentation de la production suffirait, de sorte que les cours pétroliers ont continué de grimper.

 

Qu’est-ce qui a déclenché la dépréciation?

Une résistance aux cours élevés a commencé à se manifester dans un contexte d’appréciation du dollar américain. En règle générale, un dollar américain fort affaiblit le cours des marchandises. En outre, un élément pesant lourd dans la balance est le développement d’une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui a suscité des préoccupations quant à la croissance et à la demande de pétrole subséquente.

Puis M. Trump s’en est mêlé! Après que la crainte d’une perturbation de l’approvisionnement a fait grimper les cours pétroliers, ce qui a incité la Russie et l’Arabie saoudite à accroître leur production, M. Trump a réduit la pression sur le plan des sanctions en permettant à plusieurs des importateurs clés faisant affaire avec l’Iran de poursuivre leurs activités normalement.

Ainsi a-t-on assisté à un renversement complet de la situation, la crainte d’une production insuffisante faisant place à une apparente surproduction. Les exportations de l’Iran ont certes diminué, mais bien moins que prévu.

Dans un contexte marqué par un surplus de pétrole, un dollar américain fort et un risque de guerre commerciale, les cours ne pouvaient que descendre. Il faut aussi mentionner que les positions que les fonds de couverture ont dénouées après avoir tiré profit de la hausse des cours ont contribué fortement à la volatilité baissière. Comme le dit le vieil adage, la vente entraîne la vente.

 

Un renversement de tendance est-il à prévoir?

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se réunissent le 6 décembre prochain, et nombreux sont ceux qui croient qu’ils sont susceptibles de réduire la production en raison du surplus. Cependant, M. Trump est manifestement très favorable aux faibles cours, ayant publié un gazouillis qui pourrait se traduire comme suit : « Les cours pétroliers chutent. Super! Comme une grosse réduction de taxe pour les États-Unis et le monde. Profitez-en! 54 $ au lieu de 82 $ récemment. Merci à l’Arabie saoudite, mais continuons de descendre! »

Alors que les membres de l’OPEP souhaitent rétablir l’équilibre sur le marché en réduisant la production et que M. Trump s’exprime en faveur de faibles cours pétroliers, l’incertitude est grande quant à la direction que prendront ces derniers.

Pour ajouter à cette incertitude, on peut se demander si le fait que M. Trump n’agit pas à l’égard de l’implication directe de l’Arabie saoudite dans l’assassinat de Khashoggi (si même il reconnaît cette implication) malgré l’enquête de la CIA pourrait viser à influencer la décision.

Peu importe la direction que prendront les cours, elle sera probablement décidée le 6 décembre prochain.

Cela étant dit, le Canada a ses propres difficultés étant donné l’écart entre le West Texas Intermediate (WTI) et le Western Canadian Select (WCS). Le retard du projet du pipeline Trans Mountain qui gêne le transport du pétrole et la difficulté que pose la simple réduction de la production pour les sociétés extrayant le pétrole des sables bitumineux demeureront des problèmes. Cependant, lorsque la marée monte, tous les bateaux montent; ainsi, une hausse du cours du WTI devrait entraîner aussi une hausse du cours du WCS.

 

Quelle est donc l’occasion qui se présente?

D’un point de vue technique, le pétrole brut connaît une vente excessive. Bien qu’il soit toujours possible que les cours poursuivent leur chute, tout indice d’une réduction de la production est susceptible d’entraîner une remontée marquée et volatile des cours par rapport aux creux récents. Cela représente une occasion de négociation intéressante tant à l’égard du pétrole brut que de plusieurs sociétés pétrolières dont les titres sont considérés comme « bon marché » vu les cours pétroliers actuels. Des sociétés susceptibles de devenir plus « attrayantes » en cas de reprise des cours boursiers.

C’est ici que le marché des options devient utile. Nous avons mentionné qu’il y avait un certain risque que les cours pétroliers descendent encore, mais s’il devait y avoir un indice annonçant une réduction de la production de pétrole, alors l’occasion que présenterait une remontée importante des cours attribuable à la liquidation forcée des positions vendeur, de même qu’à la reprise des activités des investisseurs qui étaient en attente jusque-là serait très attrayante.

Pour garder les choses simples : l’achat d’une option d’achat permet à un investisseur de « courir la chance » de tirer profit d’une hausse des cours, tout en s’exposant à un risque limité et défini advenant la poursuite de la chute des cours.

Avant de parler d’une stratégie sur options, il convient de déterminer les sous-jacents admissibles aux options sur lesquels on est disposé à prendre position.

Examinons quatre choix canadiens :

  1. options sur le FNB BetaPro Pétrole brut Haussier quotidien 2x (HOU);
  2. options sur le FINB BMO équipondéré pétrole et gaz (ZEO);
  3. options sur le fonds iShares S&P/TSX Capped Energy Index ETF (XEG);
  4. options sur une seule société du secteur.

Pour cet exemple, utilisons le titre XEG comme sous-jacent. Sur le graphique de base hebdomadaire, l’indicateur de l’impulsion du moment (stochastique) indique une vente excessive, mais les variations du cours semblent indiquer la poursuite de la chute libre. Cela fait penser à l’expression anglaise qui recommande de ne jamais essayer d’attraper un couteau qui tombe. Cependant, en utilisant une option d’achat au lieu d’acheter des parts du fonds négocié en bourse (FNB), un investisseur crée une position ayant un risque limité et défini qui lui offre la possibilité de tirer profit sans limites en cas de hausse du cours.

Source : Courtoisie de StockCharts.com

 

Choix du prix d’exercice

Si un investisseur s’attend à ce qu’un mouvement en sa faveur soit probablement considérable, un prix d’exercice « au cours » ou légèrement « hors du cours » lui procurerait alors un bon équilibre par rapport à une probabilité raisonnablement élevée que le prix soit dans le cours à l’échéance. En s’appuyant sur un coefficient delta moyen de 0,50, on peut « faire l’hypothèse » d’une probabilité de 50 %.

 

Date d’échéance

Même si l’investisseur pense que la direction prévue des cours découlera de la décision que prendront les membres de l’OPEP le 6 décembre, il veut s’accorder du temps en prévision d’une possible réaction tardive et en fonction des développements au-delà des premières semaines.

Ainsi, il pourrait choisir une option d’achat échéant en février 2019. L’investisseur pourrait dénouer sa position à tout moment avant l’échéance afin de réaliser des gains, et aurait plus de temps après l’événement pour tirer profit d’une possible tendance à court terme ou pour attendre une réaction tardive du marché.

 

Les caractéristiques du contrat

Examinons l’opération suivante en fonction des considérations susmentionnées.

  • Cours de la part sous-jacente : 9,50 $
  • Achat d’ouverture : Option d’achat de XEG au prix d’exercice de 10,00 $ échéant en février
  • Cours vendeur : 0,54$
  • Seuil d’équilibre à l’échéance : 10,54$
  • Risque maximal : 0,54 $ la part (soit le prix payé pour le contrat)
  • Profit maximal : Illimité

Comme vous pouvez le voir, il s’agit d’une opération toute simple à mettre en œuvre. Rien de compliqué, seulement une option d’achat utilisée comme stratégie de remplacement de parts de FNB.

Cela dit, les implications sont considérables. Cette simple stratégie donne à l’investisseur une occasion de « tenter sa chance » avec confiance, et d’essayer d’attraper le couteau qui tombe tout en sachant qu’il ne peut rien perdre de plus que la prime qu’il a payée pour le contrat.

Jason Ayres
Jason Ayres http://www.croftgroup.com/

CEO and Director of Business Development

R.N. Croft Financial Group

Jason est chef de la direction et directeur du développement des affaires de R. N. Croft Financial Group. Il est également membre du comité d'examen des placements de Croft et il détient le titre de gestionnaire spécialiste en produits dérivés. De plus, il est consultant en formation pour le compte de Learn-To-Trade.com ainsi qu’instructeur à la Bourse de Montréal du Groupe TMX.

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