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Réduire le risque lié à l’érosion de la valeur temps

Martin Noël
2 mars, 2020
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Réduire le risque lié à l’érosion de la valeur temps

Réduire le risque lié à l’érosion de la valeur temps

Dans le présent billet, nous examinerons comment il est possible de réduire le risque lié à l’érosion de la valeur temps des options dans une position directionnelle et nous verrons de quelle manière le profil de rendement change en conséquence.

Comme l’illustre le graphique ci-après, le cours des actions de BCE Inc. (BCE) a atteint le niveau de résistance de 65 $ pour une troisième fois depuis le mois d’octobre dernier, alors que les indices de force relative RSI (Relative Strength Index) et les oscillateurs stochastiques indiquent une surévaluation. Supposons que vous croyez que le cours des actions de BCE puisse baisser jusqu’à 62,50 $ au cours des prochaines semaines, ce qui représenterait une perte d’un peu plus de 2,8 % par rapport au niveau de 64,33 $ enregistré à la fermeture des marchés le 14 février 2020.

Graphique 1 : Évolution des cours quotidiens des actions de BCE, en date du 14 février 2020 (64,33 $)

Le tableau 1 ci-après présente les données sur les options de vente d’actions de BCE aux prix de levée de 64,50 $ et de 63,00 $ échéant le 13 mars 2020, en date du 14 février 2020.

Tableau 1 : Données sur les options de vente d’actions de BCE aux prix de levée de 64,50 $ et de 63,00 $ échéant le 13 mars 2020, en date du 14 février 2020

Nous commencerons par analyser l’achat des options de vente d’actions de BCE au prix de levée 64,50 $ échéant le 13 mars 2020 (BCE200313P64.50) à 1,30 $. Comme l’illustre le graphique 2 ci-après, l’achat de ces options nous permettrait de réaliser un profit de 70 $ par contrat (0,70 $ par action) pour un rendement de 53,85 % si le cours cible de 62,50 $ était atteint à l’échéance. En effet, les options de vente BCE200313P64.50 auraient alors une valeur de 2,00 $ (64,50 $ – 62,50 $). Pour calculer le profit par action de 0,70 $, on soustrait le prix d’achat de 1,30 $ de la valeur cible des options de 2,00 $. Pour calculer le rendement, on divise le profit de 0,70 $ par le prix initial de 1,30 $.

Graphique 2 : Profil de rendement des options de vente d’actions de BCE au prix de levée de 64,50 $ à l’échéance du 13 mars 2020

Pour calculer le point d’équilibre de 63,20 $, on soustrait la prime de 1,30 $ du prix de levée de 64,50 $. La perte maximale de 130 $ par contrat est réalisée si le cours des actions de BCE est supérieur ou égal à 64,50 $ à l’échéance du 13 mars 2020.

Comme le montre le tableau 1 qui précède, le thêta, qui mesure l’érosion de la prime de l’option sur une base quotidienne, est de -2,344 par contrat ou de -0,02344 par action, ce qui indique une perte de 2,344 cents par jour. Ainsi, nous pouvons nous attendre à ce que la prime de l’option de vente baisse et atteigne 1,07 $ après dix jours (1,30 $ – [0,02344 × 10]), toutes choses égales d’ailleurs. Dans le cadre du présent billet, nous aimerions réduire l’incidence négative de l’érosion de la valeur temps sur les options de vente que nous détenons. Pour ce faire, nous convertirons notre position en un écart baissier en vendant des options de vente qui ont la même échéance, mais un prix de levée inférieur.

Nous porterons notre choix[1] sur les options de vente d’actions de BCE au prix de levée de 63,00 $ échéant le 13 mars 2020, lesquelles se négocient à 0,45 $ par action. Comme le montre le tableau 1 qui précède, le thêta de cette option est de -1,720 par contrat ou de -0,0172 par action. Par conséquent, on peut s’attendre à ce que la prime de cette option perde 1,72 cent par action par jour ou 17,2 cents par action après dix jours, toutes choses égales d’ailleurs. Or, comme nous voulons tirer avantage de cette perte de valeur, nous devons vendre cette option. Ainsi, le thêta, qui est négatif pour le détenteur des options, deviendra positif pour nous qui agissons maintenant comme vendeurs.

[1] Nous avons choisi ce prix de levée parce que la prime de 0,45 $, soustraite du prix de levée de 63,00 $, nous permet d’obtenir un point d’équilibre de 62,55 $, ce qui est très près de notre cours cible de 62,50 $ à l’égard des actions de BCE. Une analyse plus exhaustive nous aurait peut-être menés à en choisir un autre.

Tableau 2 : Données sur l’écart baissier 64,50 $/63,00 $ échéant le 13 mars 2020, en date du 14 février 2020

Le tableau 2 qui précède présente les données relatives à l’écart baissier 64,50 $/63,00 $ sur options de vente échéant le 13 mars 2020, en date du 14 février 2020. On peut constater que le thêta de la position a été réduit à une perte de 0,62 par contrat (0,062 par action), ce qui constitue une amélioration de 73,5 %.

Le profil de rendement de la position devenue un écart baissier changera comme indiqué ci-après.

Graphique 3 : Profil de rendement de l’écart baissier 64,50 $/63,00 $ à l’échéance du 13 mars 2020

Comme l’illustre le graphique 3 qui précède, le profil de rendement de l’écart baissier est différent de celui de la position acheteur initiale. Le profit est maintenant limité à 65 $ par contrat (0,65 $ par action) contre 70 $ initialement en cas de baisse du cours des actions sous 63 $. La perte maximale est réduite à 85 $ par contrat (0,85 $ par action) contre 130 $ initialement si les actions de BCE clôturent à un cours supérieur ou égal à 64,50 $ le 13 mars 2020. Le point d’équilibre est désormais de 63,65 $ contre 63,20 $ au départ; pour le calculer, on soustrait la perte maximale de 0,85 $ par action du prix de levée de 64,50 $. Le rendement maximal possible s’établit maintenant à 76,5 % (0,65 $ ÷ 0,85 $), ce qui constitue une nette augmentation comparativement au rendement initial de 53,85 % (0,70 $ ÷ 1,30 $).

En conclusion, par l’ajout d’une position vendeur sur les options de vente au prix de levée de 63,00 $ échéant le 13 mars 2020 à notre position acheteur sur les options de vente au prix de levée de 64,50 $ de même échéance, nous avons réussi à mettre en œuvre une stratégie qui a réduit l’incidence négative de l’érosion quotidienne de la valeur temps (passée de 2,34 $ à 0,62 $ par contrat), tout en améliorant notre profil de rendement global (passé de 53,85  % à 76,50 %) en fonction du cours cible de 62,50 $, et ce, malgré une baisse du profit maximal (passé de 70 $ à 65 $ par contrat). Cela est dû au fait que nous avons réussi à réduire la perte maximale (passée de 130 $ à 85 $ par contrat). Par le fait même, nous avons également amélioré notre point d’équilibre (passé de 63,20 $ à 63,65 $). Il faut cependant bien prendre note que ces résultats sont fonction de notre cours cible de 62,50 $ à l’égard des actions de BCE et qu’une cible différente pourrait modifier de manière substantielle le profil de rendement.

Bonne négociation et bonne semaine!

 

Les stratégies décrites dans le présent blogue ne sont présentées qu’à des fins d’information et de formation. Elles ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations d’acheter ou de vendre quelque valeur mobilière que ce soit. Comme toujours, avant de mettre en œuvre des stratégies sur options, assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêt à en assumer tous les risques.

[1]Nous avons choisi ce prix de levée parce que la prime de 0,45 $, soustraite du prix de levée de 63,00 $, nous permet d’obtenir un point d’équilibre de 62,55 $, ce qui est très près de notre cours cible de 62,50 $ à l’égard des actions de BCE. Une analyse plus exhaustive nous aurait peut-être menés à en choisir un autre.

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

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