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Se protéger en vendant des options d’achat

Martin Noël
9 juillet, 2019
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Se protéger en vendant des options d’achat

Comme l’illustre le graphique ci-après, le cours des actions de Banque de Montréal (BMO) subit une correction depuis qu’il est passé sous les moyennes mobiles établies sur 13 et 34 séances. Le dernier rebond jusqu’au niveau des 101 $ s’apparente à celui enregistré vers la fin du mois de novembre 2018, tout juste avant que les cours s’effondrent de près de 14 % en l’espace de quelques semaines seulement. De plus, ce contexte de correction est confirmé par l’indicateur stochastique de l’impulsion du moment, lequel évolue à la baisse et est sur le point de franchir le niveau des 20 points. Cette situation ressemble à celle qui prévalait à la fin octobre 2018. Bien que rien ne garantit qu’une baisse importante se produira, tant que le cours demeurera sous les deux moyennes mobiles susmentionnées et sous le niveau de résistance de 100 $, il serait de mise pour un détenteur d’actions de BMO de faire preuve de prudence et d’envisager sérieusement de se protéger contre cette éventualité. Sans cible précise en cas de baisse, nous privilégions la vente d’options d’achat plutôt que l’achat d’options de vente afin de ne pas subir l’effet défavorable de l’érosion de la valeur temps.

Graphique 1 : Évolution quotidienne du cours de BMO en date du 26 juin 2019 (98,52 $)

Source : Tradingview.com

Un investisseur qui voudrait plutôt tirer avantage de l’érosion de la valeur temps pendant cette phase corrective, tout en obtenant une protection intéressante, pourrait vendre un contrat d’options d’achat pour chaque tranche de 100 actions détenues. À un cours de 98,52 $, nous évaluerons deux options d’achat échéant le 18 octobre 2019 et ayant des prix d’exercice respectifs de 98 $ et de 100 $.

Tableau 1 : Comparaison des profils de profits et pertes

Le tableau précédent compare les profils de profits et pertes de la stratégie de vente d’options d’achat couvertes en fonction des prix d’exercice de 98 $ et de 100 $.

La vente de l’option d’achat ayant un prix d’exercice de 98 $ permet d’encaisser une prime de 3,05 $ par action ou de 305 $ par contrat. Cette option d’achat légèrement en jeu, qui a une valeur intrinsèque de 0,52 $ (98,52 $ – 98,00 $) et une valeur temps de 2,53 $ (3,05 $ – 0,52 $), procure au vendeur une protection de 3,10 % en cas de baisse du cours de l’action. Le profit maximal de 2,53 $ par action (prix d’exercice de 98 $ – prix de l’action de 98,52 $ + prime reçue de 3,05 $) ou de 2,65 % (8,48 % annualisé) sera obtenu si le cours de l’action est supérieur au prix d’exercice de 98 $ à l’échéance, le 18 octobre. Le profit statique, soit le profit obtenu si le cours fait du surplace jusqu’à l’échéance, est identique au profit maximal.

La vente de l’option d’achat ayant un prix d’exercice de 100 $ permet d’encaisser une prime de 2,06 $ par action ou de 206 $ par contrat. Cette option d’achat hors jeu, qui a une valeur intrinsèque nulle et une valeur temps de 2,06 $, procure au vendeur une protection de 2,09 % en cas de baisse du cours de l’action. Le profit maximal de 2,06 $ par action (prix d’exercice de 100 $ – prix de l’action de 98,52 $ + prime reçue de 2,06 $) ou de 3,67 % (11,75 % annualisé) sera obtenu si le cours de l’action est supérieur au prix d’exercice de 100 $ à l’échéance, le 18 octobre. Le profit statique, soit le profit réalisé si le cours fait du surplace jusqu’à l’échéance, est de 2,06 $ par action (la valeur temps de l’option d’achat) et il représente un rendement de 2,14 % (6,84 % annualisé).

Le choix du prix d’exercice est un compromis que l’investisseur doit faire entre le rendement maximal et la couverture obtenue contre une baisse éventuelle du cours. Les options en jeu offrent une protection plus grande que les options hors jeu. Cependant, elles ne permettent pas d’obtenir une plus-value, ce qui limite leur profitabilité en cas de hausse du cours de l’action sous-jacente.

Intervention

Dans le cas où le cours de l’action baisserait ou ferait du surplace, une intervention serait envisageable s’il était possible de racheter les options d’achat vendues à un prix compris dans une fourchette de 10 % à 20 % du prix initial. Dans un tel cas, il faudrait alors procéder à une analyse pour confirmer s’il est toujours de mise de maintenir la position vendeur sur les options d’achat pour se couvrir. En cas de hausse du cours de l’action sous-jacente au-dessus du prix d’exercice, il faudrait racheter les options d’achat à profit ou à perte, selon le cas, afin d’éviter de faire l’objet d’une assignation et de devoir vendre les actions sous-jacentes. Autrement, les options d’achat seront exercées par leur détenteur et leur vendeur sera forcé de vendre les actions au prix d’exercice.

Bonne négociation et bonne semaine!

Les stratégies présentées dans la présente chronique ne le sont qu’à titre d’information et de formation et elles ne doivent pas être interprétées comme étant des recommandations pour acheter ou vendre toutes valeurs mobilières. Comme toujours, avant de mettre en œuvre des stratégies sur options, assurez-vous d’être à l’aise avec les scénarios proposés et d’être prêts à en assumer tous les risques.

Martin Noël
Martin Noël http://lesoptions.com/

Président

Corporation Financière Monetis

Martin Noël a obtenu un MBA en services financiers de l'UQÀM en 2003. La même année, il a reçu le Brevet de l'Institut des banquiers canadiens et la Médaille d'argent pour ses efforts remarquables dans le cadre du Programme de formation bancaire professionnelle. Monsieur Noël a commencé sa carrière dans le domaine des instruments dérivés en 1983 à titre de mainteneur de marché sur options, sur le parquet de la Bourse de Montréal, pour le compte de diverses firmes de courtage. Il a également occupé le poste de spécialiste sur options et, par la suite, de négociateur indépendant. En 1996, monsieur Noël est entré au service de la Bourse de Montréal à titre de responsable du marché des options où il a contribué au développement du marché canadien des options. En 2001, il a participé à la création de l'Institut des dérivés de la Bourse de Montréal où il a œuvré à titre de conseiller pédagogique. Depuis 2005, Martin est chargé de cours à l'UQÀM où il enseigne un cours sur les instruments dérivés au deuxième cycle. Depuis mai 2009, il est président à temps plein de la CORPORATION FINANCIÈRE MONÉTIS, une société active dans la négociation professionnelle et en communication financière. Martin agit comme collaborateur régulier en matière d’options pour la Bourse de Montréal.

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